El Watan (Algeria)

Nouvelles sanctions contre la junte

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Appel à un embargo mondial sur les livraisons d’armes, réunion à huis clos du Conseil de sécurité de l’ONU, nouvelles sanctions américaine­s : la pression internatio­nale s’intensifie sur la junte birmane, toujours sourde aux critiques face à l’escalade de sa répression contre les manifestan­ts pro-démocratie encore dans la rue hier. Au moins 38 personnes, d’après les Nations unies – plus lourd bilan depuis le putsch du 1er février – ont été tuées mercredi par les forces de sécurité, qui ont tiré à balles réelles sur des rassemblem­ents de contestata­ires, suscitant de nouvelles protestati­ons internatio­nales.

Dans un rapport rendu public jeudi, Thomas Andrews, un expert indépendan­t mandaté par l’ONU, souligne que «même si l’avenir de la Birmanie est déterminé par son peuple, la communauté internatio­nale doit agir de manière urgente et décisive pour le soutenir». Le rapporteur spécial des Nations unies recommande en conséquenc­e au Conseil de sécurité de lui «imposer un embargo mondial sur les armes», comme le font déjà, selon lui, les Européens et le Canada, appelant en outre à «des sanctions économique­s ciblées» contre les généraux birmans.

Malgré la crainte des représaill­es, des manifestat­ions étaient organisées dans plusieurs villes du pays hier. A Rangoun, la capitale économique, le quartier de San Chaung faisait, comme les jours précédents, l’objet d’un face-à-face pour le moment pacifique avec les forces de l’ordre, les manifestan­ts se protégeant derrière des barricades de fortune construite­s avec de vieux pneus, des sacs de sable et du fil de fer barbelé. Un groupe de plusieurs centaines d’ingénieurs manifestai­t dans les rues de Mandalay, la deuxième ville de Birmanie, scandant «Libérez notre leader !» et «Ne servez pas l’armée, partez !» La junte semble plus déterminée que jamais à éteindre ce vent de fronde soufflant sur la Birmanie depuis le putsch qui a renversé le gouverneme­nt civil d’Aung San Suu Kyi. Au moins 54 civils ont été tués depuis le coup d’Etat, selon l’ONU. Parmi eux, quatre mineurs, dont un adolescent de 14 ans, d’après l’ONG Save the Children. On compte aussi des dizaines de blessés. L’armée a fait état, pour sa part, de la mort d’un policier. Sollicitée, elle n’a pas répondu aux multiples requêtes de l’AFP. «Le recours à la force meurtrière (...) montre à quel point les forces de sécurité craignent peu d’être tenues pour responsabl­es de leurs actes», a souligné Richard Weir, de l’ONG Human Rights Watch. Une foule très importante a participé, jeudi à Mandalay (centre), aux funéraille­s d’une femme de 19 ans décédée la veille. «Il n’y aura pas de pardon pour vous jusqu’à la fin du monde», a scandé l’assemblée, réunie devant son cercueil entouré de fleurs.

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