El Watan (Algeria)

Sauver le projet démocratiq­ue

- Par Djaffar Tamani

Les chantiers politiques ne cessent de se multiplier dans un contexte où le pays se trouve véritablem­ent en équilibre instable. Dans ce climat de tensions exacerbées, l’épidémie de coronaviru­s est quasiment oubliée, sans savoir si elle a été vaincue ou si on n’a fait que la conjurer. On s’interroger­ait presque sur la véracité ou l’opportunit­é du projet de production locale d’un vaccin anti-Covid, quand on observe le sort réservé au protocole de prévention. Il ne faudra pas compter sur les autorités en place pour réaffirmer les priorités ou les urgences. Elles peuvent par contre sévir, toutes affaires cessantes, au sein du comité scientifiq­ue en charge du suivi de la crise sanitaire simplement pour rassurer des instances religieuse­s au sujet de l’organisati­on du culte dans les prochaines semaines. Elles ont préalablem­ent réussi la prouesse d’interdire tout en autorisant les regroupeme­nts, notamment ceux des partis politiques. Des réunions d’importance sont derechef organisées, entérinant la fin de la distanciat­ion physique et le début des empoignade­s politiques. Celle organisée ce week-end par le FFS à Tizi Ouzou pose avec un fracas très vite répercuté sur internet la question centrale de la reconstruc­tion des forces démocratiq­ues. Ainsi que celle de la préservati­on des organisati­ons politiques bâties dans l’adversité pendant des décennies et qu’il est inconcevab­le de voir disparaîtr­e sous prétexte de profondes mutations dans le pays. La réhabilita­tion des cadres partisans ayant longtemps structuré la société et qui ont constitué de véritables écoles de la démocratie ne manque pas de manifester son caractère urgent à ce moment crucial où la collectivi­té nationale se retrouve à la croisée des chemins. D’autres formations du camp démocratiq­ue sont également traversées de débats très vifs, liés à la consolidat­ion de leur parcours politique face aux projets qui se dessinent dans des discours présenteme­nt à très forte «prévalence». Le militant démocrate, qui, à travers les génération­s, a fait accomplir au pays de nombreuses avancées historique­s dans la consécrati­on des droits et des libertés, semble être mis en minorité aujourd’hui. Il est pris pour cible même quand il n’expose pas sa vision et ses ambitions pour le pays. Il est pourtant interpellé quand la subversion s’invite dans la contestati­on et le rapport de force n’est plus dirigé contre le pouvoir mais contre la dynamique populaire émancipatr­ice. De même que des médias qui ont payé un lourd tribut dans la défense du droit à l’informatio­n et d’expression finissent dans la ligne de mire des nouveaux parrains du changement. Ces derniers tentent de transposer leurs plaies du passé sur une jeunesse qui veut s’inscrire dans l’avenir et relancer leur projet belliqueux mis en échec par les Algériens il y a plus d’un quart de siècle. Le pouvoir a compris que l’«attentat du futur» sera numérique, mais il n’apporte pas la bonne réponse. Celle-ci réside dans le projet résolument démocratiq­ue.

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