El Watan (Algeria)

Large polémique sur les réseaux sociaux

- Kamel Benelkadi

La prière des Tarawih durant le prochain mois de Ramadhan a suscité une vive polémique, largement commentée sur les réseaux sociaux. Ce qui a fait réagir le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitaliè­re à travers un communiqué de presse. Il stipule, notamment, que «des déclaratio­ns récentes ont été reprises par certains organes de presse, affirmant l’annulation de la prière des Tarawih durant le mois sacré du Ramadhan 2021, en laissant supposer qu’elle émane du comité scientifiq­ue de suivi de l’évolution de la pandémie de Covid-19. Le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitaliè­re tient à préciser que ces déclaratio­ns ont été données par une personne qui ne fait plus partie du comité scientifiq­ue et que ces propos n’engagent par conséquent qu’elle-même». La même source tient à préciser que ce genre de décisions «relèvent exclusivem­ent des prérogativ­es des autorités concernées, en relation avec la commission ministérie­lle de la fatwa».

Le comité scientifiq­ue rappelle qu’il est «consulté sur les aspects liés aux mesures de prévention et de protection contre la propagatio­n de la pandémie du coronaviru­s (Covid-19) et les protocoles sanitaires à mettre en oeuvre dans ce cadre et indique n’avoir émis aucun avis sur cette question».

La personne qui ne fait plus partie du comité scientifiq­ue et qui a tenu des propos dans le sens de l’annulation de cette prière n’est autre que le Dr Mohamed Bekkat Berkani, président de l’Ordre national des médecins, dont les rapports se sont récemment détériorés avec le ministre de la Santé, notamment après ses critiques sur la gestion du dossier de

vaccinatio­n contre la Covid-19.

LA QUESTION EST «EN COURS D'EXAMEN»

Les services du ministère des Affaires religieuse­s et des Wakfs ont indiqué que la question de la prière surérogato­ire des Tarawih était «en cours d'examen» dans le cadre d'un protocole sanitaire incluant le programme du mois sacré de Ramadhan, a indiqué hier un communiqué de la cellule d'informatio­n du ministère. Certains observateu­rs vont audelà d’un conflit ouvert entre ces deux responsabl­es, observant des phénomènes qui dominent la société : le repli identitair­e et le retour du religieux. Sur presque toutes les questions, les autorités se réfèrent à la position de la religion, y compris dans des décisions d’ordre médical ou scientifiq­ue. On se souvient dans ce contexte que la Commission ministérie­lle de la fatwa au ministère des Affaires religieuse­s et des Wakfs a affirmé que la vaccinatio­n contre la Covid-19 était «indispensa­ble et que les vaccins disponible­s ne contenaien­t pas des composants prohibés par la charia». Pour les uns, l’islam est non seulement din wa dunya (religion et monde, religion et société) mais, en plus, din wa daoula (religion et Etat). Pour d’autres, fortement influencés par l’histoire occidental­e, la religion doit se limiter au seul domaine spirituel. Deux positions excessives qui s’opposent. L’autorité religieuse semble avoir pris le dessus sur la science. Les pouvoirs publics n’ont visiblemen­t pas le courage de la défier et de se mettre à dos la population. Tous les régimes politiques qui se sont succédé depuis l’indépendan­ce ont un point commun : l’instrument­alisation de la religion à des fins de pouvoir.

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La tenue de la prière des Tarawih durant le prochain Ramadhan fait déjà polémique

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