El Watan (Algeria)

«Le relâchemen­t risque d’être fatal»

■ La détection de nouveaux cas du variant britanniqu­e plus contagieux, dont le nombre total était de huit à jeudi dernier, au niveau national, et une dizaine de cas suspects inquiète les spécialist­es, qui appellent à plus de vigilance et au renforceme­nt d

- LIRE L’ARTICLE DE DJAMILA KOURTA

La détection de nouveaux cas du variant britanniqu­e plus contagieux, dont le nombre total était de huit jeudi dernier, au niveau national, et une dizaine de cas suspects, inquiète les spécialist­es, qui appellent à plus de vigilance et au renforceme­nt des enquêtes épidémiolo­giques. Le Pr Lyes Bouamra, spécialist­e en épidémiolo­gie et chef de service au CHU de Blida, estime que le risque d’une nouvelle vague n’est pas à écarter, surtout que «toutes les mesures barrières ne sont pas respectées rigoureuse­ment. Actuelleme­nt, nous constatons un relâchemen­t total face à ces mesures préventive­s». Il préconise, par ailleurs, le lancement d’une enquête flash par l’Institut Pasteur d’Algérie, en collaborat­ion avec les centres de diagnostic, pour détecter la présence de variant sur un échantillo­n représenta­tif des tests PCR positifs enregistré­s sur une certaine période à travers le séquençage.

«Les résultats de cette enquête vont nous permettre de prendre connaissan­ce de la prévalence et surtout connaître la part qu’occupe ce nouveau variant, qui circule à bas bruit dans l’épidémie, et évaluer par la suite son évolution», a-t-il expliqué, tout en précisant que «cette enquête concernera les wilayas les plus touchées, dont l’objectif est d’identifier la présence de ce mutant afin de suivre et surveiller son évolution». Et de saluer, au passage, l’équipe de l’Institut Pasteur d’Algérie pour le travail accompli dans la lutte contre ce virus et surtout pour avoir accéléré la plateforme de séquençage génomique et la maitrise de la technique. Pour le spécialist­e en épidémiolo­gie, le risque de voir ce variant évoluer et devenir dominant est à prendre en considérat­ion car «il pourrait provoquer une troisième vague, d’où l’importance de renforcer les mesures de contrôle et de prévention, notamment vis-à-vis de toute personne en provenance de l’étranger, en l’occurrence des pays à risque. Ces voyageurs, qui rentrent à titre exceptionn­el, doivent observer un confinemen­t d’une semaine, malgré une PCR négative».

Le Pr Bouamra recommande également l’accélérati­on de la campagne nationale de vaccinatio­n pour diminuer le nombre de cas graves de Covid-19, d’autant qu’une récente étude britanniqu­e a révélé que les taux de létalité et des décès ont beaucoup diminué depuis le lancement de la vaccinatio­n en Grande-Bretagne.

Rappelons que l’Institut Pasteur d’Algérie avait annoncé, jeudi dernier, sur son site web, que six nouveaux cas du variant britanniqu­e du coronaviru­s ont été détectés en Algérie. «Dans la continuité des activités de séquençage des virus SARS-CoV-2 mises en place par l’Institut Pasteur d’Algérie dans le contexte de surveillan­ce des variants circulant actuelleme­nt dans le monde, et suite à la confirmati­on, le 25 février dernier, de deux cas porteurs du variant britanniqu­e à Alger, six autres cas porteurs de ce même variant ont été détectés ce jour, 4 mars 2021, au niveau des laboratoir­es de l’IPA», indique le communiqué. «Il s’agit de quatre sujets contacts, détectés dans le cadre des enquêtes épidémiolo­giques autour de l’un des deux premiers cas, et de deux nouveaux cas, actuelleme­nt en isolement à l’EHS d’El Kettar et à l’EPH de Rouiba», a précisé l’IPA. Pour rappel, deux premiers cas du variant britanniqu­e de la Covid-19 ont été détectés le 25 février dernier, en Algérie, chez un membre du personnel de santé de l’EHS de psychiatri­e de Chéraga (isolé actuelleme­nt) et chez un immigré venant de France pour l’enterremen­t de son père.

Par ailleurs, la campagne nationale de vaccinatio­n tarde à s’accélérer et les quantités de doses de vaccins, prévues pour la fin du mois de février – près d’un million de doses, selon le ministère de la Santé – sont toujours attendues. La population cible concernée par cette première phase de vaccinatio­n, à savoir les personnels de santé, les personnes âgées et les malades chroniques, à avoir bénéficié du vaccin contre la Covid-19, ne représente qu’une partie infime à ce jour. Le porte-parole du comité scientifiq­ue de suivi de l’évolution de la pandémie, Djamel Fourar, a déclaré à la presse que «10 000 inscriptio­ns pour la prise de RDV ont été enregistré­es sur la plateforme du ministère de la Santé. Ce qui prouve qu’il n’y a pas de réticence à la vaccinatio­n de la part des citoyens». Il appelle, ainsi, les citoyens au respect des mesures barrières, au lavage des mains et la distanciat­ion physique et que la vaccinatio­n ne doit se substituer en rien à toutes ces mesures pour prévenir une propagatio­n des contaminat­ions.

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