El Watan (Algeria)

Le cri de détresse des artisans bijoutiers

- Khider Ouhab

Les artisans bijoutiers de la wilaya de Skikda ne cachent pas leur crainte après la décision des pouvoirs publics de mener des enquêtes de terrain auprès de l’ensemble des bijoutiers profession­nels et des artisans bijoutiers afin d’assainir la profession. «L’artisan bijoutier ne dispose que d’une carte d’artisan qui lui permet d’exercer sa profession et ne peut vendre que ce qu’il produit. Contrairem­ent au bijoutier, il ne dispose pas d’un registre de commerce», explique Djahid Saker, président du bureau de wilaya de la Fédération des bijoutiers dépendant de l’Union générale des commerçant­s et artisans algériens (UGCAA). Il ajoute : «Nous ne sommes pas contre l’assainisse­ment de la profession, mais cela ne doit pas se faire aux dépens des artisans bijoutiers. Nous craignons déjà qu’on vienne nous imposer le registre de commerce pour pouvoir poursuivre notre activité, au motif que nous vendons des produits non artisanaux.» Selon lui, le problème serait ailleurs. «Les artisans bijoutiers représente­nt un quart des 200 bijoutiers exerçant dans la wilaya de Skikda. On ne peut pas, du jour au lendemain, se passer de leur savoir-faire. Et s’il se trouve que certains procèdent à la vente de produits finis, ce qui ne s’accorde pas avec leur statut, c’est qu’ils se sont retrouvés contraints de la faire pour survivre», précise M. Saker. Avant d’indiquer que «les artisans bijoutiers ont des familles à nourrir. Ils ont également des charges, des locaux à louer, des apprentis à payer, etc. Par contre, ils ne sont pas approvisio­nnés en matière première qui leur permettrai­t de produire. Depuis 1984, on n’a reçu aucun gramme d’or. Que devrons-nous alors faire ? Mettre un terme à un authentiqu­e savoir-faire ? Et que dira-t-on aux 17 jeunes artisans qu’on a formés dans l’art du filigrane (Fetla) ?», se demande notre interlocut­eur. Ce dernier juge que le métier d’artisan bijoutier est en déclin et nécessite une réflexion plus apaisée. «Ce n’est pas en nous imposant un registre de commerce qu’on sauvera le métier qui a plutôt besoin d’un approvisio­nnement régulier en or et l’ouverture de comptoirs de bijoux finis», regrette-t-il. Il évoquera également la nécessité de revenir à la formation moderne et de qualité de l’industrie de l’orfèvrerie en pensant à rouvrir l’école de Bab El Oued fermée depuis plusieurs années.

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