El Watan (Algeria)

Les victimes de «stérilisat­ions forcées» attendent justice et pardon

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L’ouverture début mars du procès de l’exprésiden­t péruvien Alberto Fujimori, poursuivi pour des «stérilisat­ions forcées» de milliers de femmes pauvres entre 1996 et 2000 dans le cadre d’un plan de contrôle de la natalité, donne l’espoir aux victimes d’obtenir justice et réparation­s pour leurs souffrance­s. «Cela fait plus de 20 ans que nous attendons que justice soit faite. Il faut que nous soyons reconnues (comme victimes), qu’on nous demande pardon», confie à l’AFP Gloria Basilio Huaman, 48 ans. Elle avait 27 ans quand on lui a ligaturé les trompes utérines dans un hôpital de la région de Huanuco (centre), dans le cadre du Programme national de santé reproducti­ve et planificat­ion familiale, qui en théorie devait se faire sur la base du volontaria­t. «J’ai été trompée», dit cette femme. Selon les estimation­s officielle­s, 272 028 Péruvienne­s, dont beaucoup d’Amérindien­nes, ont subi une ligature non consentie des trompes. Parmi elles, 2074 ont formelleme­nt porté plainte devant la justice. Au total, 18 femmes sont officielle­ment décédées des suites de l’opération. L’ancien président Fujimori (1990-2000), trois anciens ministres de la Santé ainsi que deux fonctionna­ires, sont poursuivis pour «atteinte à la vie et à la santé» des personnes, «blessures graves et violations graves des droits humains». M. Fujimori, âgé de 82 ans, et qui purge une peine de 25 ans pour «corruption et crime contre l’humanité», n’a pas assisté le 1er mars à l’ouverture du procès qui se tient de manière virtuelle en raison de la pandémie. Il n’est pas contraint d’assister à toutes les audiences qui devraient s’étirer sur plusieurs mois. Des interprète­s en langue quechua assurent la traduction pour nombre de plaignante­s qui comprennen­t mal l’espagnol. Pour le procureur Pablo Espinoza, l’ex-chef de l’Etat et les autres accusés ont «joué avec la vie et la santé reproducti­ve des plaignante­s, sans se préoccuper des dégâts». Les victimes, soutenues par plusieurs ONG, soulignent à ce titre que M. Espinoza est le premier procureur qui a vraiment fait avancer le dossier, alors qu’elles réclament justice depuis 2003. Outre l’atteinte physique, de nombreuses femmes ont dû aussi affronter le rejet de leur conjoint dans un pays fortement imprégné de culture machiste.

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