La mobilisation contre le coup d’Etat se poursuit en Birmanie
Les manifestants pro-démocratie sont à nouveau descendus dans les rues hier en Birmanie, malgré la répression meurtrière, rapporte l’AFP. Au moins 55 personnes ont été tuées depuis le début de l’insurrection pacifique contre le coup d’Etat du 1er février qui a renversé la cheffe du gouvernement, Aung San Suu Kyi. Mais la mobilisation ne faiblit pas. A Loikaw (centre), des centaines de personnes ont brandi des panneaux appelant à la désobéissance civile. Coupures d’internet, interpellations, recours à la force létale : les généraux putschistes sont déterminés à faire cesser le vent de fronde qui souffle sur le pays.
Mercredi, au moins 38 protestataires ont été tués, selon les Nations unies. Réuni vendredi, le Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (ONU) n’a pas réussi à se mettre d’accord sur une déclaration commune. Des négociations sur un texte doivent se poursuivre la semaine prochaine, d’après des sources diplomatiques. «Nous sommes prêts à envisager des sanctions internationales conformément à la Charte des Nations unies, si la situation continue à se détériorer», a déclaré l’ambassadrice britannique, Barbara Woodward, à l’issue de la réunion, organisée à l’initiative du Royaume-Uni. Des mesures coercitives ont été annoncées par les Etats-Unis et l’Union européenne (UE), mais des observateurs exhortent à aller plus loin avec un embargo international sur les livraisons d’armes, une décision qui nécessite l’accord de tous les membres du Conseil. Or, Pékin et Moscou refusent de parler de «coup d’Etat». Notre pays veut être «un voisin amical», a déclaré vendredi l’ambassadeur chinois, Zhang Jun, mettant en garde contre des sanctions qui ne feraient qu’«aggraver les tensions ou compliquer davantage la situation». Les autres voisins régionaux font peu entendre leur voix. Singapour, premier investisseur dans le pays, a été le seul à hausser le ton, évoquant par l’intermédiaire de son ministre des Affaires étrangères, Vivian Balakrishnan, «une honte nationale». Mais le chef de la diplomatie a aussi estimé que toute pression extérieure sur les généraux aurait peu d’impact.
Plus de 1700 personnes ont été arrêtées depuis le putsch, dont une trentaine de journalistes. Face à la détérioration de la situation, des Birmans ont commencé à prendre la fuite pour se réfugier en Inde voisine.
La junte conteste les résultats des élections de novembre remportées massivement par le parti d’Aung San Suu Kyi, la Ligue nationale pour la démocratie (LND). Cette dernière a remporté 82% du total des sièges du Parlement. Le Parti de la solidarité et du développement de l’Union, fondé par l’ex-général Thein Sein, n’en a obtenu que 6,4%.