Oran se dote de son premier théâtre 100% privé
L «La Fourmi», premier théâtre privé algérien, a été inauguré hier à Oran, à la grande joie des férus du 4e art.
Au final, il aura fallu moins d’une année pour que ce projet aboutisse, alors que le 16 mars 2020, jour du commencement des travaux, il était encore en état embryonnaire. L’inauguration, hier, s’est faite en présence de la ministre de la Culture, Malika Bendouda, ainsi que de plusieurs autres convives. Mohamed Afane, celui qui est derrière cette initiative salutaire avec Kamel Daoud, a fait part de sa joie de voir cet édifice enfin devenir opérationnel, ce qui devra apporter un surcroît d’animation à Oran, ville devenue amorphe culturellement à cause de plusieurs mois d’inactivité liée à la pandémie de la Covid-19.
Le théâtre «La Fourmi» compte en tout 122 places, ainsi qu’une cafétéria qui le jouxte. Il emploie directement 5 personnes, entre la régie, la technique, la programmation, l’accueil et le management. «Cet espace est le vôtre,a dit Mohamed Afane, en prenant la parole face à l’assistance présente. On a construit cet établissement pour la jeunesse et pour toutes celles et tous ceux qui chérissent la culture et qui vont contribuer pour qu’elle se propage dans tous les quartiers et tous les villages de ce pays.» En prenant la parole, la ministre de la Culture n’a pas caché, non plus, sa satisfaction de voir ce théâtre 100% privé voir le jour. Il s’agit là d’un «tournant», selon elle, aussi bien pour l’économie que pour la culture, et cela d’autant qu’elle avait également profité de sa venue à Oran pour inspecter un multiplexe, privé lui aussi, qui devra bientôt voir le jour au centre commercial d’EsSenia. «Aujourd’hui, l’inauguration de cet établissement n’est que le début d’une nouvelle ère», a-t-elle déclaré, avant d’expliquer que le secteur privé désireux d’investir dans la culture se verra encourager et accompagner par son ministère. «Ce théâtre a été construit exclusivement de matériaux algériens et d’expérience et de compétence algériennes. C’est une preuve qu’on a tout ce qu’il faut pour concrétiser nos projets par nous-mêmes», a-telle ajouté.
Quant à l’écrivain et journaliste Kamel Daoud, lui aussi membre fondateur de ce théâtre de poche, il nous a fait cette déclaration : «Il existe des structures d’offre de loisirs en Algérie qui sortent du schéma classique du public. Il (le secteur public, ndlr) a prouvé qu’il était inefficace, ne jouait pas son rôle, était le contraire de la créativité et a engagé le fonctionnariat. Là, nous avons l’idée d’une structure culturelle de proximité de petite dimension, très gérable, sur fonds privés – donc on oublie les subventions qui sont le contraire de la créativité. Moi, je suis d’avis à ce qu’on réussisse une réforme de l’offre culturelle en Algérie, mais à partir du bas.»
Mourad Senouci, consultant et étant celui qui a représenté l’accompagnement du ministère de la Culture dans le projet, a déclaré être «extrêmement heureux et confiant». «Le 6 mars de l’année dernière, on s’est rencontré avec Mohamed Afane et il m’a fait part de son envie de réaliser un petit théâtre. Une année après, on l’a ouvert. Ça veut dire que c’est possible ! Je suis heureux pour ma ville, mon pays et pour mes enfants et tous les enfants d’Algérie. A présent, on va travailler pour qu’il y ait d’autres structures, parce qu’une ville comme Oran mérite au minimum dix théâtres pour diversifier l’offre.»
Demain (8 mars) à 18h le coup d’envoi du programme du théâtre La Fourmi se fera avec une pièce qui se jouera trois jours de suite, El Hakni lebkbal el wakwak, avec Adila Bendimrad et Tarek Bouarara. Notons enfin que Mohamed Afane ambitionne de concrétiser un autre projet, un théâtre de 500 places, dont le début des travaux n’attend que la délivrance du permis de construire par les autorités locales.