VISITE HISTORIQUE DU PAPE FRANÇOIS EN IRAK
Sous haute protection et circulant seul et masqué sous un strict confinement anti-Covid, le pape François est arrivé ce vendredi 5 mars en «pèlerin de la paix» en Irak pour réconforter l’une des plus anciennes communautés chrétiennes au monde.
C’est la première visite papale de l’histoire dans le pays ravagé par les guerres et désormais confronté à la pandémie. Au cours de son séjour ― qui s’achèvera demain au terme de 1445 km parcourus principalement par les airs pour éviter les zones où se terrent toujours des djihadistes ― le pape tendra également la main aux musulmans en rencontrant le grand ayatollah Ali Sistani, plus haute autorité pour de nombreux chiites d’Irak et du monde. Le chef des 1,3 milliard de catholiques du monde a évoqué tous les sujets brûlants en Irak devant ses plus hauts responsables, parmi lesquels le président Barham Saleh, qui a envoyé l’invitation officielle pour cette visite sans précédent.
«Que se taisent les armes !»
a lancé le pape François peu après sa venue. «Assez de violences, d’extrémisme, d’intolérance», a dit le pape. Assez aussi, de la
«corruption», la raison pour laquelle des centaines de milliers d’Irakiens ont manifesté pendant des mois fin 2019. A l’époque déjà, le pape avait exhorté l’Irak à cesser de réprimer ses jeunes en demande de justice. Il faut «édifier la
justice», a-t-il de nouveau martelé. Et que «personne ne soit considéré comme citoyen de deuxième classe», surtout pas les chrétiens ― 1% de la population dans ce pays musulman ― ni les Yazidis, minorité martyre du groupe Etat islamique (EI), dont des milliers de ses femmes ont été vendues sur les
«marchés aux esclaves» des
djihadistes. François a dénoncé des «barbaries insensées et inhumaines»
perpétrées en Irak, la Mésopotamie antique,
«berceau de la civilisation».
Il a encore rappelé «la présence très ancienne des
chrétiens sur cette terre» où est né Abraham, selon la tradition, plaidant pour
«leur participation à la vie
publique» comme «citoyens jouissant pleinement de droits, de liberté et de responsabilité».
Après cette étape politique, le pape va entamer la partie plus spirituelle et populaire de son voyage, celle qu’il préfère de loin.