Tu me rends ton 12S
Contrairement à ce que l'on pense généralement, le hirak n'est pas une vague sans fond ou une masse atomique sans noyau mais un médium chaud, force de dialogue en phase directe avec l’actualité, répondant mot pour mot aux déclarations des responsables. C’est ainsi que pour la V 54 de vendredi dernier, des manifestants ont
répondu : «Vous n’allez pas nous faire peur avec la
nationalité.» Car de l'autre côté du mur des positions, c'est en phase avec Soufiane Djilali, qui décrit certains slogans du hirak comme dictés de l’étranger, que le gouvernement a déposé un projet de loi sur la déchéance de la nationalité pour renforcer l’arsenal juridique mis en place pour museler la liberté d’expression et casser la dynamique de contestation. Retirer sa nationalité à un Algérien ? Quel que soit ce qu’il a fait, c'est comme tuer sa mère et déchirer ce bout de papier pour lequel sont morts des millions d’Algérien(ne)s qui représente une identité forte, la nationalité algérienne n’appartenant ni au ministre de la Justice ni à un quelconque juge, et encore moins aux députés, qui voteront cette loi après les élections prévues en juin. Au plus fort des années terroristes, l’idée n’a jamais été évoquée et le plus dangereux dans cette loi est le délit pouvant provoquer ce retrait de la nationalité, «atteinte à l’unité de la nation». Concept très vague qui a d’ailleurs été utilisé pour condamner plusieurs militants du hirak, ce qui signifie que s’ils étaient à Tunis ou Djakarta, ils auraient été déchus de la nationalité. On peut même imaginer que sur cette accusation, les militants du MAK à l’étranger, qui seraient autour de 300 000 selon les estimations, seraient donc déclarés apatrides, ce qui les renverrait directement vers une nationalité kabyle à l’ONU, ouvrant la voie à de gros problèmes. Tout comme elles font semblant de s'étonner qu'il y ait des émeutes et la poursuite du hirak alors qu'on arrête tout le monde, les autorités aiment jouer avec le feu. Au pays du gaz, c’est très dangereux.