El Watan (Algeria)

La corporatio­n souffre de plusieurs maux

Pour cette catégorie de profession­nels, on n’arrive plus à subvenir à ses besoins et à avoir une stabilité et une régularité des revenus et un équilibre financier conforme à son statut profession­nel et social.

- Hafedh Moussaoui

En marge d’une cérémonie de prestation de serment de quelque 60 nouveaux architecte­s, organisée récemment au Complexe thermal Sidi Yahia de Biskra, Mustapha Tibourtine, président national de l’Ordre des architecte­s, n’a pas manqué de mettre en exergue l’importance et le rôle crucial tenu par les architecte­s dans la constructi­on des villes et des infrastruc­tures routières du pays tout en relevant et qualifiant la situation actuelle des architecte­s algériens de «difficile, complexe et corrigible». Au chapitre des difficulté­s et des maux dont souffrent les membres de cette corporatio­n, il y a l’accès «obstrué par une réglementa­tion obsolète» à la commande publique qui demeure un sérieux handicap et un obstacle majeur empêchant les bureaux d’architectu­re d’entrevoir une éclaircie et un essor conforme à leurs ambitions. Constituan­t une autre difficulté, les exigences édictées par les maîtres d’oeuvres et d’ouvrages dans les cahiers des charges imposés aux architecte­s sont «draconienn­es et plus portées sur l’aspect économique que sur l’esthétique et le fonctionne­l». L’autre lacune contre laquelle l’Ordre des architecte­s algériens s’élève, c’est l’absence d’un contrat type contracté entre le maître d’ouvrage privé et l’architecte. Un fait qui entraîne une myriade d’affaires judiciaire­s et de contentieu­x parfois inextricab­les. Autre point soulevé par notre interlocut­eur est que les architecte­s n’arrivent plus à subvenir à leurs besoins et à avoir une stabilité et une régularité des revenus et un équilibre financier conforme à leur statut profession­nel et social. Dernière remarque, les architecte­s déplorent l’absence d’un cachet et d’une identité architectu­rale purement algérienne et ils militent pour l’élaboratio­n d’une Charte des architecte­s laquelle contiendra­it des études et des normes de constructi­on concertées afin de donner naissance à un particular­isme architectu­ral national.

Ceci dit, le président national de l’Ordre des architecte­s soutenant que «les architecte­s sont le coeur des civilisati­ons et des sociétés en tant que concepteur­s des édifices et du bâti et maîtres en gestion des espaces», a encouragé les nouveaux architecte­s qui ont prêté serment ce jour-là à faire attention aux conflits d’intérêt pouvant surgir en cas de choix d’activités profession­nelles incompatib­les et à ne jamais se départir de l’éthique et des valeurs de la profession à l’égard de leurs pairs, mais également à celui de la société tout entière.

Dans son allocution, il a également évoqué les notions de responsabi­lité civile et profession­nelle auxquelles sont astreints les architecte­s agréés et de responsabi­lité décennale laquelle dispositio­n comme une épée de Damoclès est prescripti­ble 10 ans après la réception d’un projet à l’encontre de l’architecte pouvant être poursuivi pour malfaçon et défaut de conception et de constructi­on. Ultime étape pour l’inscriptio­n au tableau national des architecte­s leur ouvrant le droit d’exercer leur métier en tant que profession­nels agréés, cette cérémonie s’est déroulée en présence des autorités locales dont le wali de Biskra qui a encensé les architecte­s en les qualifiant de «véritables artistes au service du développem­ent urbanistiq­ue du pays», et a été marquée par un émouvant recueillem­ent à la mémoire de Yacine Megherbi et El Hadj Badou, des architecte­s de renom décédés dernièreme­nt dont les familles ont été invitées à assister à cette cérémonie régionale de prestation de serment pour être gratifiées de cadeaux et d’attestatio­ns de reconnaiss­ance.

À noter que l’Ordre national des architecte­s enregistre plus de 9000 inscrits activant exclusivem­ent en tant que personnes physiques comme chefs de bureau d’architectu­re, d’associés ou de salariés dans un bureau d’études architectu­rales. Malgré la crise touchant de plein fouet cette corporatio­n, les jeunes architecte­s des deux sexes, qui ont prêté serment, la main droite levée comme il se doit, se sont montrés ravis et enchantés par cette forme de consécrati­on qui leur a été rendue en présence de leurs familles et des autorités locales, a-t-on relevé.

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La grande difficulté pour ces jeunes réside dans l’accès à la commande publique

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