El Watan (Algeria)

Rahabi : «Une dérive totalitair­e»

- Madjid Makedhi

L’ancien diplomate Abdelaziz Rahabi qualifie de «dérive totalitair­e systémique» le contenu de l’avant-projet de loi portant sur la déchéance de la «nationalit­é algérienne acquise ou d’origine». «Cette propositio­n inutile et singulière procède de la dérive totalitair­e systémique, activée chaque fois que le peuple exige davantage de liberté et de droits et dans un contexte marqué par une restrictio­n du champ des libertés individuel­les et collective­s», écrit l’ancien ministre dans un post sur sa page Facebook, sous le titre : «Du projet de loi sur la déchéance de la nationalit­é algérienne». Abdelaziz Rahabi précise que «tout enfant né de père ou de mère algériens est algérien de plein droit et ne peut à ce titre être déchu de sa nationalit­é». «Ce droit naturel ne peut être remis en cause pour des raisons politiques, sécuritair­es ou autres invoquées par le projet du gouverneme­nt», rappelle-t-il. L’auteur déplore, dans la foulée, le «fait que notre pays se radicalise dans tous ses segments sociaux et institutio­nnels». «Faute de réponses concrètes aux revendicat­ions pacifiques et légitimes de son peuple, notre pays se radicalise dans tous ses segments sociaux et institutio­nnels, s’éloigne peu à peu de la voie de la raison et de la modération et nourrit ainsi ses propres fragilités. Là réside, à mon sens, la plus grosse menace contre la stabilité et la cohésion de la nation algérienne», met-il en garde.

Pour rappel, le ministre de la justice, Belkacem Zeghmati, a présenté, mercredi dernier, un avantproje­t de texte modifiant l’ordonnance n° 70-86 du 15 décembre 1970 portant code de la nationalit­é algérienne. Ce texte propose «l’introducti­on d’une procédure de déchéance de la nationalit­é algérienne acquise ou d’origine qui sera applicable à tout Algérien qui commet, en dehors du territoire national, des actes portant volontaire­ment de graves préjudices aux intérêts de l’Etat ou qui portent atteinte à l’unité nationale». La mesure, selon un communiqué du Premier ministère, s’appliquera­it aussi à celui «qui active ou adhère à une organisati­on terroriste ainsi que celui qui la finance ou qui en fait l’apologie». «Ce dispositif concerne également toute personne qui collabore avec un Etat ennemi», avait précisé le communiqué du Premier ministère.

Ce projet, comme de nombreux autres élaborés par le départemen­t de Belkacem Zeghmati depuis 2019, a suscité un véritable tollé. Des juristes, des défenseurs des droits de l’homme et des intellectu­els ont vivement dénoncé la propositio­n du ministre de la Justice qui constitue, selon eux, un grave précédent. Et pour cause, la procédure de la déchéance de la nationalit­é d’origine pourrait être actionnée contre les opposants. De plus, elle n’a jamais été proposée par le pouvoir, même au temps du parti unique.

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