«J’ai laissé ma mère malade pour aller travailler»

Ayant vécu les drames humains durant la décennie noire avec ses lots de morts, de blessés suite aux carnages commis par les terroristes, le Dr Yacef Nadia, urgentiste au SAMU d’Alger, estime que le travail effectué et tous les sacrifices consentis ne représentent que le devoir de tout un chacun qu’il doit accomplir. Chargée de superviser en tant qu’inspectrice de santé publique le centre d’écoute avec un numéro de téléphone vert 3030 dédié aux informations et préoccupations des citoyens sur le coronavirus SARSCov-2 et mis en place par les autorités sanitaires dès le début de la pandémie de la Covid-19, le Dr Yacef a travaillé des heures durant en assurant les gardes de nuit. «Je laissais ma mère malade, mais j’ai quand même assuré mes gardes pour rassurer et répondre aux citoyens qui étaient très inquiets», lance-t-elle dès que nous lui avons demandé de parler de son expérience en tant que femme médecin face à l’épidémie et à toute les contraintes rencontrées dans la société. «L’accompagnement des citoyens en leur fournissant par téléphone des explications sur la pandémie avec des messages simples et surtout les sensibiliser face au danger de la maladie et les orienter pour leur prise en charge était très important lors de cette période d’incertitudes», déclare le Dr Yacef, tout en étant fière d’avoir activement participé dans cette bataille contre le virus, comme elle l’a fait durant la décennie noire. «J’ai accompli ma mission au même titre que mon collègue Boudjou avec qui je me rends avec nos propres moyens au centre d’écoute à Bordj El Kiffan pour travailler jusqu’à 2h ou à 3h du matin. Je le faisais avec abnégation et je suis contente de l’avoir fait. C’est comme si j’étais à l’hôpital au chevet des patients», a -t-elle indiqué. «C’est effectivement un sacrifice, sachant que moi-même je courais un risque, celui d’être contaminée et contaminer par la suite ma mère malade ; mais il fallait le faire pour sauver des vies.» Un principe pour lequel elle a prêté serment et elle l’a longtemps assuré dans des services hospitaliers en tant qu’urgentiste.