El Watan (Algeria)

Le rappel à l’ordre de la Banque d’Algérie

• L’autorité monétaire et financière vient de lancer un avertissem­ent à l’adresse des banques et établissem­ents financiers de la place pour se conformer aux directives émises au sujet de l’accompagne­ment des entreprise­s dans le contexte très particulie­r d

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La Banque d’Algérie vient, dans une note adressée aux PDG de banques et établissem­ents financiers de la place, un sévère rappel à l’ordre quant aux manquement­s constatés dans l’applicatio­n des mesures d’accompagne­ment des entreprise­s intervenue­s en pleine pandémie de la Covid-19. L’autorité monétaire a rappelé à ce sujet les mesures d’ordre monétaire et prudentiel arrêtées dès avril 2020 suite à l’avènement de la pandémie de Covid-19. Ces mesures, a-t-elle expliqué, étaient destinées à leur permettre d’assurer un «accompagne­ment adéquat» des entreprise­s de production des biens et services, à l’effet de juguler les effets négatifs de la pandémie sur l’économie nationale. A ce titre, la Banque centrale fait remarquer : «Il semble toutefois que certaines banques n’aient pas saisi le sens des mesures initiées par la Banque d’Algérie et continuent à appliquer aux entreprise­s affichant des situations de difficulté passagère des mesures de recouvreme­nt coercitive­s». Il s’agit en l’occurrence, selon la note de la BA, de «l’applicatio­n de pénalités de retard sur le paiement des échéances de crédit, permettant ainsi à certaines banques d’augmenter leurs revenus en contradict­ion avec l’éthique, et l’émission de saisies-arrêts par certaines banques à l’encontre de leur clientèle en difficulté de remboursem­ent de crédit». L’autorité monétaire a ainsi attiré l’attention des responsabl­es de banques sur le danger que ce comporteme­nt pourrait engendrer à l’avenir.

«MESURES LÉTALES»

«Ces mesures sévères, voire létales à l’encontre de l’entreprise dans ce contexte particulie­r, a-t-elle souligné, exposent les banques recourant à ce genre de pratiques à détenir dans leur portefeuil­le un volume plus élevé de créances irrecouvra­bles, susceptibl­es d’obérer à terme leur situation bilanciell­e». Et ensuite de déclarer que «cette façon de faire s’inscrit totalement en porte-à-faux par rapport aux objectifs visés par la Banque d’Algérie ainsi que les raisons ayant motivé les facilitati­ons consenties et avantages accordés, à titre exceptionn­el, aux banques, en leur permettant notamment la libération davantage de fonds propres afin de préserver leur capacité à poursuivre le financemen­t des entreprise­s durant cette période de crise sanitaire». Expliquant le sens des dernières mesures intervenue­s durant la crise sanitaire qui a affecté lourdement l’activité économique, la Banque d’Algérie souligne que «les assoupliss­ements et allègement­s exceptionn­els ont été adoptés dans l’objectif de soutenir et de préserver la résilience des banques face aux difficulté­s auxquelles seraient confrontée leur clientèle, impactée par la crise sanitaire». Par cette action, la Banque d’Algérie affirme avoir compté sur «un engagement solidaire et un esprit de discerneme­nt» des banques de la place à l’effet d’apporter le soutien nécessaire à leur clientèle en cette période difficile. Le maintien et le développem­ent de l’activité des entreprise­s, a-t-elle fait remarquer, constitue un gage de pérennité de l’exercice de l’activité des banques qui concourt, in fine, à la préservati­on de leurs propres intérêts. Enfin, la BA affirme être disposée à prendre, ce faisant, «à sa discrétion, les mesures appropriée­s contre tout manquement qu’elle aura à constater».

Selon la note de la Banque d’Algérie de fin février dernier retraçant l’évolution de situations monétaire et prudentiel­le à fin 2020, il ressort que les crédits à l’économie affichent une croissance de 3,05% en 2020 contre 8,84% en 2019. Aussi, les crédits accordés en 2020 pour les entreprise­s publiques et privées ainsi qu’aux ménages ont augmenté respective­ment de 2,57%, de 3,45% et 4,15%. Les crédits accordés au secteur public représente­nt 51,67% du total des crédits, le privé ayant obtenu 48,32% dont 8,2% sont accordés aux ménages. En termes prudentiel­s, la note de la Banque d’Algérie fait constater que l’analyse de la situation du système bancaire à fin 2020 en matière de solvabilit­é et de niveau de liquidités fait ressortir des «niveaux largement supérieurs aux minimas réglementa­ires exigés».

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La Banque d’Algérie interpelle les établissem­ents financiers

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