La justice poursuit son enquête
• Parmi les responsables cités, le nom de Amar Tou, ex-ministre des Transports, circulait déjà avec insistance, surtout que ce responsable connaissait parfaitement ce projet pour l’avoir inspecté à plusieurs reprises entre 2008 et 2013, et avait suivi tou
Comme nous l’avions déjà annoncé dans notre édition du 14 février, l’affaire du projet de l’aérogare de Constantine ne cesse de créer des remous avec les convocations d’anciens walis et ministres pour s’expliquer sur les graves dépassements soulevés dans une grande enquête qui a été déclenchée il y a plus d’une année et qui reste encore en suspens en raison de la pandémie et des mesures drastiques de confinement, selon des sources bien au fait de ce dossier.
Parmi ces responsables cités dans notre article, le nom de Amar Tou, ex-ministre des Transports, circulait déjà avec insistance, surtout que ce responsable connaissait parfaitement ce projet pour l’avoir inspecté à plusieurs reprises entre 2008 et 2013, et avait suivi toutes les étapes de ce méga-projet pour lequel il venait donner des instructions. Une période durant laquelle la presse avait assisté à des visites où le ministre ne manquait pas de sermonner les directeurs des transports. Des observateurs avertis indiquent que même les décisions qui ont été prises à l’époque pour ce projet par les anciens walis ne l’ont pas été sans son autorisation. Amar Tou a été auditionné dimanche par le juge d’instruction près le tribunal de Constantine, selon des sources concordantes.
L’ex-ministre a été appelé à donner sa version sur la gestion de ce lourd dossier, qui a révélé de graves dépassements, et avait englouti des sommes énormes et connu des retards considérables. Il est utile de noter que la série d’enquêtes menée par les services de sécurité a ciblé les projets importants dont avait bénéficié la wilaya de Constantine durant la période faste de la décennie 20052015, dont celui de l’aérogare internationale Mohamed Boudiaf.
Il n’est pas à écarter aussi que les deux anciens walis de Constantine soient également auditionnés dans les prochains jours sur cette affaire. Il s’agit de Abdelmalek Boudiaf, qui a dirigé la wilaya entre 2005 et 2010, avant d’être désigné ministre de la Santé entre 2013 et 2017, et Noureddine Bedoui (2010-2015), ex-ministre de l’Intérieur, puis ex-Premier ministre (mars à décembre 2019). Ce n’est pas la première fois que les noms de ces deux walis sont cités dans des enquêtes sur des projets réalisés dans la wilaya de Constantine. Il est reproché également à l’ex-Premier ministre l’octroi d’indus avantages à de puissants hommes d’affaires et détournement du foncier, précisément l’attribution non réglementaire de parcelles dans les zones industrielles. Une affaire qui est toujours en cours au niveau de la justice.
Pour rappel, le projet de la nouvelle aérogare de l’aéroport international de Constantine, l’un des plus vieux à l’époque dans la wilaya, avait fait couler beaucoup d’encre durant sa période de réalisation, et avait même connu de sérieux problèmes liés à des contraintes techniques. Lancé en 2001 pour un montant initial de 441 millions de dinars, il connaîtra moult problèmes en l’absence de bureaux d’études engagés, à cause de la situation sécuritaire. Il avait pris 12 ans pour être mis en service en juin 2013. Les travaux ont coûté 2,954 milliards de dinars, après plusieurs réévaluations, soit près de huit fois le coût initial. Mais le coût réel du projet après sa réception ne sera jamais communiqué. L’embellie financière que l’Algérie avait connue à cette époque pouvait tout expliquer.