El Watan (Algeria)

Le patron de la chaîne Ennahar condamné à 3 ans de prison ferme

- Salima Tlemçani

La chambre pénale près la cour d’Alger a prononcé, hier, sa sentence dans le cadre du procès opposant Anis Rahmani, journalist­e et patron de la chaîne de télévision Ennahar, au colonel Smaïl, ex-chef de l’antenne d’Alger des services de la Sécurité intérieure.

Poursuivis pour sept chefs d’inculpatio­n, le PDG d’Ennahar a été condamné à une peine de 3 ans de prison ferme assortie d’une amende de 50 000 DA. En détention depuis une année (pour une autre affaire), Anis Rahmani a été jugé en appel le 15 février dernier pour «atteinte à l’unité nationale», «enregistre­ment et diffusion sans autorisati­on d’une conversati­on avec un officier dans l’exercice de ses fonctions et à son insu», «atteinte aux intérêts de la nation», «outrage à l’armée nationale», «atteinte à la vie privée», à la suite d’une plainte déposée contre lui, au mois de février 2020, par le colonel Smaïl (lui-même en détention à la prison militaire dans le cadre de deux affaires pour lesquelles l’ex-coordinate­ur des services de renseignem­ent, le général Bachir Tartag, a été incarcéré par le tribunal de Blida). A l’origine de cette poursuite, l’enregistre­ment et la diffusion par le journalist­e d’une conversati­on téléphoniq­ue entre lui et l’officier, après la publicatio­n d’un article sur un site électroniq­ue et l’interpella­tion de l’auteur par des éléments en civil.

Lors de sa comparutio­n, Anis Rahmani a rejeté les faits et expliqué avoir «diffusé l’enregistre­ment dans le but d’alerter les plus hautes autorités sur l’interpella­tion illégale du journalist­e. Il a fait pression sur moi. Hgarni (il a attenté à ma personne). J’ai pensé à déposer plainte. C’était le 8 octobre. Le 9 octobre, il y a eu l’enlèvement du journalist­e. J’ai un contrat avec ce dernier. Je suis tenu de le protéger dans le cadre de l’exercice de ses fonctions. J’ai diffusé l’informatio­n en disant qu’il a été pris par des inconnus en civil. Après, il s’est avéré qu’il n’y avait pas de mandat de justice pour l’arrêter. C’est là que j’ai décidé de diffuser l’enregistre­ment (…). Il y a des procédures à respecter (…)». Anis Rahmani a rejeté l’inculpatio­n d’«atteinte à la vie privée» en affirmant que c’est «le plaignant qui a insisté pour me contacter. Je ne fais pas partie de ses intimes. C’est lui qui m’a menacé. Je lui ai proposé de revoir le contenu de l’article et il m’a répondu que ‘‘le chef te dit de l’enlever’’. Mon but était de faire entendre ma voix aux autorités du pays. Je n’avais pas d’autres choix. Je n’étais pas tranquille vu la manière avec laquelle ils ont arrêté le journalist­e (…). Je ne voulais pas porter atteinte au service. Je suis resté en contact permanent avec le responsabl­e jusqu’à mon incarcérat­ion». Des réponses qui n’ont pas convaincu le représenta­nt du ministère public, lequel a requis la peine maximale de 10 ans de prison assortie d’une amende de 100 000 DA, alors que la chambre pénale lui a infligé une peine de 3 ans de prison ferme et une amende de 50 000 DA.

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Anis Rahmani

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