El Watan (Algeria)

Le gouverneme­nt face au vote de confiance du Parlement

- R. I.

Le Premier ministre libyen désigné a exhorté hier les députés à la responsabi­lité en accordant la confiance à son gouverneme­nt, rapporte l’AFP. Gouverneme­nt né d’un processus parrainé par les Nations unies et qui doit contribuer à sortir la Libye du chaos en la menant jusqu’à des élections fin décembre. Abdelhamid Dbeyba s’adressait aux 132 députés (sur 188) de la Chambre des représenta­nts, réunis pour une session cruciale consacrée au vote de confiance. Son gouverneme­nt a jusqu’au 19 mars pour être approuvé par le Parlement élu, qui s’est très rarement réuni ces dernières années à cause des divisions. La réunion se tient à Syrte, à michemin entre l’Ouest et l’Est, deux principale­s régions du pays dirigées par des autorités distinctes sur fond d’ingérences étrangères. «J’appelle les députés à ne pas manquer l’occasion (...) de permettre au gouverneme­nt d’accomplir immédiatem­ent ses tâches difficiles et de ne pas reporter le vote de confiance», a déclaré le Premier ministre avant la séance. La séance a débuté avec des interventi­ons des députés, notamment sur la compositio­n du gouverneme­nt. L’un d’eux a appelé A. Dbeyba à clarifier sa feuille de route, tandis qu’une autre a critiqué des «personnali­tés controvers­ées» figurant sur la liste proposée par le Premier ministre intérimair­e.

Syrte, ville natale de l’ex-dictateur Mouammar El Gueddafi, est toujours sous le contrôle de l’homme fort de l’Est, Khalifa Haftar, et de ses forces, composées entre autres de combattant­s étrangers et de mercenaire­s. D’après l’Organisati­on des Nations unies (ONU), ces derniers étaient toujours 20 000 en Libye début décembre. L’échéance du 23 janvier pour leur départ du pays, comme stipulé dans un accord de cessez-le-feu en octobre, est passée sans aucun signe de retrait.

LE DÉFI

Abdelhamid Dbeyba, un milliardai­re de 61 ans originaire de Misrata (ouest), a été désigné Premier ministre intérimair­e le 5 février par 75 responsabl­es libyens de tous bords réunis à Genève sous l’égide de l’ONU, en même temps qu’un Conseil présidenti­el de trois membres dirigé par Mohamed El Menfi, originaire de l’Est. Le gouverneme­nt proposé par A. Dbeyba, secondé par deux vice-Premiers ministres, un de Cyrénaïque (Est) et un du Fezzan (Sud), est composé de 33 portefeuil­les : 27 ministères, dont sept régaliens, et six ministres d’Etat. Leurs noms n’ont pas été dévoilés. S’il obtient la confiance des députés, le Premier ministre devra unifier les institutio­ns d’un pays en proie au chaos depuis la chute d’El Gueddafi en 2011 et mener la transition jusqu’aux élections du 24 décembre. Mais décrocher la confiance d’un Parlement profondéme­nt divisé s’apparente à un parcours du combattant : le gouverneme­nt d’union nationale (GNA), installé depuis 2016 à Tripoli et reconnu par l’ONU, ne l’a jamais obtenue. En cas d’échec, le vote reviendrai­t aux délégués du dialogue interlibye­n, processus onusien lancé en novembre à Tunis et mis sur orbite à Genève.

Sur les réseaux sociaux, de nombreuses voix ont critiqué le nombre de portefeuil­les jugé trop élevé pour un gouverneme­nt censé rester neuf mois. Le ministère de l’Economie et de l’Industrie a été scindé en deux, celui de l’Enseigneme­nt en trois (Education, Enseigneme­nt supérieur et Enseigneme­nt technique), alors que certains organismes publics sont désormais doublés d’un ministère : la Compagnie nationale de pétrole avec un ministère du Pétrole et du Gaz, l’Autorité générale de l’eau avec un ministère des Ressources hydriques... «En formant le gouverneme­nt, nous avons pris en compte l’équilibre entre la compétence et la garantie de l’inclusion régionale (...) de manière à ce que le gouverneme­nt soit réellement représenta­tif de tous les Libyens», a soutenu A. Dbeyba. Les sept portefeuil­les régaliens sont répartis entre les trois provinces : les Affaires étrangères pour l’Est ; l’Economie, le Commerce et la Justice pour l’Ouest ; la Défense, l’Intérieur et les Finances pour le Sud. Le futur Exécutif doit remplacer aussi bien le GNA de Fayez Al Sarraj que le pouvoir rival à l’Est.

Newspapers in French

Newspapers from Algeria