Les patrons proposent une stratégie de relance
■ Mohamed Sami Agli, président de la CAPC, a présenté, hier, un document où sont compilées 62 propositions, tout un chantier de réformes, qu’il a destiné au chef de l’Etat.
•Dans une conférence de presse organisée hier au siège de la CAPC, à Alger, Mohamed Sami Agli a tenu à présenter fièrement un document où sont compilées 62 propositions, tout un chantier de réformes, qu’il a destiné au chef de l’Etat.
Un air de déjà-vu ? Le patronat algérien CAPC (ex-FCE) semble tout frais et dispo. C’est clair, son président Mohamed Sami Agli veut montrer à quel point son organisation est prête à jouer les premiers rôles, sur le registre de l’économie, dans le programme du président Tebboune.
Cette volonté, ainsi qu’il l’a déclaré, il l’a doit au fait qu’il a été reçu il y a quelques mois par le Président lui-même pour discuter d’un certain nombre de questions économiques. Et aujourd’hui, c’est chose faite. Dans une conférence de presse organisée hier au siège de la CAPC à Alger, Mohamed Sami Agli a tenu à présenter fièrement un document où sont compilées 62 propositions, tout un chantier de réformes, qu’il a destiné au chef de l’Etat. Il s’agit en l’occurrence d’un vaste programme qui aurait pu disputer la vedette à celui du gouvernement, ou même d’un candidat en pleine campagne électorale. Tant ces mesures revêtent toutes les questions ou presque qui touchent à la sphère économique et même au-delà. Cela va ainsi «de la mise en place d’un pacte de croissance et de confiance» jusqu’à «réformer en profondeur le droit économique algérien» en passant par «décider d’une amnistie fiscale en taxant à hauteur de 1% les montants déclarés» et «changer la valeur faciale de la monnaie : 1 DA= 10 DA anciens, avec, en parallèle, un plan de changement des billets de banque». C’est dire à quel point le chef du patronat affiche une ambition que d’aucuns pourraient qualifier de démesurée à l’endroit pourtant où les présidents et gouvernements successifs ont échoué lamentablement, pratiquement sur tous ces sujets que l’opinion a fini par apprendre par coeur, tant la pratique du matraquage incessant n’a jamais été rompue de longue date. Car, il est question ici de thématiques qui n’ont presque jamais déserté la rhétorique des officiels. Mohamed Agli a intitulé ce document, qui se veut la contribution de la CAPC pour un nouveau modèle économique, «De l’indispensable réussite du plan de relance économique». Soit. Mais de quel plan de relance économique s’agit-il d’abord ? Y at-il déjà un plan à proprement parler que l’opinion ignorait ? Cette dénomination semble a priori inappropriée. Mais qu’importe, le conférencier nous assure en aparté que ce plan vise en réalité toutes les politiques de «relance». Des experts indépendants ont en effet attiré l’attention des pouvoirs publics sur la faiblesse des réponses opposées à la crise sanitaire de Covid-19 dans le sillage de la crise financière à laquelle fait face le pays depuis la chute drastique des revenus des hydrocarbures. Que ce soit dans la loi de finances complémentaire 2020 ou dans la loi de finances 2021, l’Exécutif a peu fait. Il faut dire que l’initiative de la Confédération algérienne du patronat citoyen (CAPC) intervient dans un contexte très particulier où la pandémie de Covid-19 couplée à une situation où tous les indicateurs macroéconomiques ou presque virent au rouge. Résultat : des milliers d’empois perdus et une économie exsangue, plus que jamais dépendante du secteur des hydrocarbures. A l’heure actuelle, aucune donnée officielle n’est venue éclairer l’opinion sur les dégâts occasionnés par cette crise sanitaire qui a obligé nombre d’entreprises sinon à fermer boutique durant quelques mois, du moins à ralentir sensiblement leurs activités. Des organisations comme la CAPC ou d’autres encore qui forment le paysage des entreprises algériennes gagneraient à en faire un état des lieux circonstancié.