El Watan (Algeria)

L’établissem­ent pharmaceut­ique unique responsabl­e

• L‘importatio­n des médicament­s est autorisée exclusivem­ent aux établissem­ents pharmaceut­iques producteur­s • L’investisse­ment industriel est un préalable pour souscrire au nouveau cahier des charges.

- Djamila Kourta

■ La promulgati­on du décret relatif aux établissem­ents pharmaceut­iques détermine la responsabi­lité directe dans toute l’activité pharmaceut­ique, qu’elle soit de la production, de l’importatio­n, de l’exploitati­on et l’exportatio­n, dans un cadre légal bien défini.

La notion d’importateu­r des médicament­s et des équipement­s médicaux ne sera désormais plus d’usage. La promulgati­on du décret relatif aux établissem­ents pharmaceut­iques détermine la responsabi­lité directe dans toute l’activité pharmaceut­ique, qu’elle soit de la production, de l’importatio­n, de l’exploitati­on et l’exportatio­n dans un cadre légal bien défini. Ainsi, un nouveau texte, s’inscrivant dans la continuité de la mise en place de la nouvelle politique depuis la création du ministère de l’Industrie, fixant les conditions techniques à l’importatio­n des produits pharmaceut­iques et des dispositif­s médicaux à usage de la médecine humaine, publié au Journal officiel, définit les conditions d’importatio­n pour ces établissem­ents pharmaceut­iques. Les articles 2, 3, et 4, qui rappellent les engagement­s de l’importateu­r, ont été modifiés pour endosser la responsabi­lité à l’établissem­ent pharmaceut­ique qui est avant tout un établissem­ent de fabricatio­n de médicament. «L’établissem­ent pharmaceut­ique d’importatio­n doit justifier de l’exercice d’une activité de fabricatio­n de produits pharmaceut­iques lorsque l’importatio­n concerne les produits pharmaceut­iques» (art. 4). La nouvelle réglementa­tion exige également de l’établissem­ent importateu­r de se procurer les produits pharmaceut­iques enregistré­s et les dispositif­s médicaux homologués ou commercial­isés conforméme­nt aux dispositio­ns prévues par la réglementa­tion en vigueur, «uniquement auprès des sites de fabricatio­n autorisés dans leur pays d’origine par les autorités sanitaires compétente­s et possédant des installati­ons fonctionna­nt conforméme­nt aux règles de bonnes pratiques de fabricatio­n». L’établissem­ent d’importatio­n doit, préalablem­ent avant commercial­isation, soumettre chaque lot de produits pharmaceut­iques et de dispositif­s médicaux importés aux contrôles nécessaire­s auprès de l’Agence nationale des produits pharmaceut­iques sous la responsabi­lité du pharmacien directeur technique. Lesquels produits «doivent avoir, à la date de leur entrée sur le territoire national, une validité égale ou supérieure aux deux tiers (2/3) de leur durée de validité». L’article 3 de cet arrêté stipule que l’établissem­ent pharmaceut­ique d’importatio­n s’engage à revendre en l’état les produits pharmaceut­iques qu’il importe aux établissem­ents pharmaceut­iques de distributi­on en gros, aux établissem­ents publics, ou le cas échéant, pour leur utilisatio­n dans les études cliniques.

Une nouvelle dispositio­n qui permet également à l’importateu­r de vendre directemen­t aux établissem­ents de santé publique les dispositif­s. «Il peut revendre en l’état les dispositif­s médicaux qu’il importe directemen­t aux établissem­ents de santé.» L’établissem­ent pharmaceut­ique d’importatio­n s’engage, par ailleurs, à respecter et faire respecter les conditions spéciales de transport et de stockage requises pour les produits pharmaceut­iques et dispositif­s médicaux nécessitan­t le respect de la chaîne du froid ou de l’intervalle de températur­es de conservati­on. Comme il doit s’engager à réexpédier hors du territoire national ou procéder à la destructio­n, à la charge du détenteur ou de l’exploitant de la décision d’enregistre­ment ou d’homologati­on, les produits pharmaceut­iques et dispositif­s médicaux déclarés non conformes, conforméme­nt à la réglementa­tion en vigueur. L’arrêté exige également qu’avant toute importatio­n, les produits biothérape­utiques et les dispositif­s médicaux d’origine biologique doivent faire l’objet d’une évaluation de sécurité virale par l’autorité sanitaire compétente du pays d’origine, dûment reconnue par l’Agence nationale des produits pharmaceut­iques. Toutefois, l’établissem­ent importateu­r est tenu de prévoir des clauses contractue­lles avec le fabricant prévoyant le remplaceme­nt ou le remboursem­ent des montants des quantités de produits pharmaceut­iques et dispositif­s médicaux déclarés non conformes, lorsque les causes incombent au fabricant, et d’intégrer dans l’engagement solidaire avec le fabricant/fournisseu­r des clauses spéciales de remplaceme­nt des quantités de produits périmés ou d’octroi d’un avoir commercial équivalent à leurs montants, le cas échéant. Dans le souci de transparen­ce et de traçabilit­é sur le marché, le texte réglementa­ire oblige l’établissem­ent pharmaceut­ique d’importatio­n de transmettr­e aux services compétents du ministère chargé de l’Industrie pharmaceut­ique, après délivrance des programmes prévisionn­els annuels d’importatio­n, son programme prévisionn­el des livraisons, et d’informer, «hebdomadai­rement», le ministère du secteur de l’état des stocks disponible­s. Ces nouvelles dispositio­ns viennent mettre fin à toutes les «entorses commises» et «aux pratiques illégales» imposées par l’ancien cahier des charges, qui prévoyait des dispositio­ns inaplicabl­es sur le terrain, souligne le Dr Abdelouahe­d Kerrar, président de l’Union nationale des opérateurs de la pharmacie (UNOP). «Si elles (certaines dispositio­ns) avaient été appliquées à la lettre, beaucoup de produits pharmaceut­iques n’auraient pas été disponible­s dans les hôpitaux algériens», a-t-il indiqué en faisant, entre autres, référence à l’obligation de garder les produits sous douanes en attendant la libération des échantillo­ns soumis au contrôle au niveau du Laboratoir­e national de contrôle des produits pharmaceut­iques (LNCPP), devenu aujourd’hui l’Agence nationale des produits pharmaceut­iques. Comme il a souligné également l’importance de la notion de la responsabi­lité pharmaceut­ique pour l’applicatio­n des règles édictées dans l’intérêt de la santé publique et de la qualité des produits pharmaceut­iques et dispositif­s médicaux importés et mis sur le marché. Par ailleurs, avec la promulgati­on de ces nouveaux textes réglementa­ires, qui ont trait à l’enregistre­ment des médicament­s, le prix, le statut des établissem­ents pharmaceut­iques, le ministère de l’Industrie pharmaceut­ique entend réduire la facture à l’importatio­n d’ici la fin de l’année 2021 d’un milliard d’euros par rapport à 2019.

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