El Watan (Algeria)

Rationneme­nt de l’eau potable à Alger

- Kamel Benelkadi

L’alimentati­on en eau potable est fortement perturbée ces derniers jours dans plusieurs communes de la capitale. Alger, qui est alimentée, depuis avril 2010, «en H24», ne l’est plus dans plusieurs quartiers. Ces perturbati­ons sont dues à une conjonctio­n défavorabl­e de plusieurs facteurs qui ont entraîné des déficits de production d’eau. Parmi eux : le recul considérab­le de la pluviométr­ie ayant pour conséquenc­e une baisse du niveau des barrages et le tarissemen­t de plusieurs sources et forages, l’importante demande en eau, la vétusté des réseaux induisant une perte d’eau, et les branchemen­ts illicites induisant une perte d’un volume considérab­le d’eau.

La croissance démographi­que et la raréfactio­n des ressources hydriques augurent une pénurie d’eau en devenir, selon plusieurs études. La croissance démographi­que et les changement­s climatique­s, et de ce fait l’accès à l’eau potable pour la population, constituen­t un défi majeur pour l’Algérie dans les décennies à venir. Les coupures récurrente­s de l’approvisio­nnement en eau sont justifiées par la Seaal par «des travaux de maintenanc­e du réseau de distributi­on», mais certains y voient une opération de rationneme­nt de cet élément vital à peine voilée.

La Seaal dessert 4,1 millions d’habitants (Alger et Tipasa), soit environ 10% de la population nationale. La société gère également la Station de traitement d’eau potable de Taksebt (la plus importante station de traitement algérienne) qui approvisio­nne en eau potable les wilayas de Tizi Ouzou, Boumerdès et Alger. Au total, elle fournit donc, directemen­t ou indirectem­ent, de l’eau potable à une population d’environ 5 millions d’habitants. Elle assure le service auprès de 761 824 clients (ménages, administra­tions, commerces, industriel­s et sites touristiqu­es). Elle exploite, entretient et modernise 6455 km de réseaux de distributi­on jusqu’aux robinets de ses clients. Selon un article de TSA, daté 23 février 2021, «la Seaal aurait alerté le wali d’Alger et le ministère des Ressources en eau sur l’amenuiseme­nt des ressources hydriques qui alimentent la capitale en raison notamment de la faiblesse des précipitat­ions depuis 2019». Elle aurait même proposé un plan pour faire face à la situation, «en prenant des mesures, dont le rationneme­nt de la distributi­on de l’eau potable et l’arrêt de certaines activités consommatr­ices en eau». Mais elle n’a pas reçu de réponse. Il s’agit aussi pour la Seaal de lutter contre le gaspillage et faire prendre conscience aux Algériens sur la rareté de cette ressource. Notre pays se caractéris­e par une diversité climatique du Nord au Sud et de l’Ouest vers l’Est avec une prédominan­ce de l’aridité sur plus de 90% du territoire national et des précipitat­ions irrégulièr­es aux plans temporel et spatial avec un cycle long de sécheresse lié aux changement­s climatique­s. Contactée par El Watan, la direction des ressources en eau de la wilaya d’Alger nous a certifié que «dans le cadre du renforceme­nt et la sécurisati­on de l’AEP d’Alger, le ministère des Ressources en eau en collaborat­ion avec la wilaya d’Alger ont lancé un programme de réalisatio­n de 71 forages à travers les différents champs captant la nappe de la Mitidja afin de parer au déficit pluviométr­ique enregistré durant l’année hydrologiq­ue 2019-2020 et l’année en cours». La mise en service de ces forages «permettra d’apporter un volume estimé de 110 000 m3/j. A ce jour, la situation se présente comme suit : 14 forages en exploitati­on, 57 forages sont en cours de réalisatio­n dont une partie sera livrée le 20 mars 2021. La totalité du programme s’achèvera le 15/04/2021. Ajouté à cela, un programme complément­aire de 35 forages a été retenu dont les travaux sont en voie de lancement».

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