El Watan (Algeria)

Un grand pas vers la réconcilia­tion nationale malgré les tirailleme­nts

- Mourad Sellami

• 132 députés libyens (sur 182) présents à Syrte • Une présence inédite depuis les élections de juin 2014 • Tirailleme­nts autour des ministères de la Défense et des Affaires étrangères.

On le disait déjà il y a quelques jours : quelque chose a changé chez les Libyens. Cela s’est confirmé avant-hier avec l’arrivée à Syrte de 132 députés, sur les 182 élus en juin 2014, soit un peu plus des deux-tiers. Le Parlement libyen veut reprendre son droit de décision concernant le sort de son pays et ne pas offrir une autre opportunit­é à des personnes désignées par la délégation de l’ONU, pour décider à la place des élus. Il y a eu des tirailleme­nts comme dans tous les Parlements du monde. Mais, les intervenan­ts cherchent des solutions. Les propos du président du Parlement, Salah Aguila, lors de l’ouverture des travaux, avanthier après-midi, donnent déjà un ton de réconcilia­tion à la séance. «C’est une opportunit­é à saisir pour reprendre, en main, le sort de notre pays», a-t-il déclaré, traduisant une réconcilia­tion déjà consommée. Aguila a proposé d’inclure la charte du dialogue de Genève dans la Constituti­on provisoire, pour éviter des problèmes constituti­onnels en rapport avec la tenue des élections et l’adoption de la Loi fondamenta­le. Le cours de la séance était fluide ; tout le monde ne s’arrête pas sur les détails qui tuent. Plus encore, Aguila Salah a demandé aux députés de ne plus intervenir auprès du chef du gouverneme­nt nominé, Abdelhamid Dbeyba, pour placer des proches à des postes de responsabi­lité. La requête de Salah Aguila pour la liberté de choix de Abdelhamid Dbeyba a été vivement appréciée par les observateu­rs, députés compris. «Si on veut un véritable gouverneme­nt de compétence­s, il faut que le choix se fasse sur des bases scientifiq­ues, en respectant juste l’équilibre régional», assure le politologu­e Ezzeddine Aguil, ébloui de voir les frontières disparaîtr­e entre l’Est, l’Ouest et le Sud.

«A les voir discuter ainsi, comme tout Parlement dans le monde, on oublie que les troupes russes Wagner se trouvent dans la base Al Gardhabya, où ont atterri tous les avions ramenant les députés, ou que les Turcs occupent la base d’El Witya», précise le juge libyen Jamel Bennour, rappelant à tous que les problèmes sécuritair­es restent encore en suspens et qu’il est nécessaire d’appliquer les engagement­s d’insérer tous les groupes armés dans les troupes régulières et de rapatrier les étrangers chez eux, à commencer par les Turcs et les Russes, sans oublier les mercenaire­s soudanais et syriens.

TIRAILLEME­NTS

Les pressions tribales ont élargi le gouverneme­nt Dbeyba, passant de 27 membres à 35 et faisant dire à certains députés que «pareille équipe n’est pas intérimair­e, puisqu’elle couvre tous les départemen­ts».

Pourtant, le cabinet était initialeme­nt prévu pour être réduit et comprendre entre 15 et 20 ministres. Mais, le besoin de satisfaire les uns et les autres a fait progressiv­ement monter le nombre et poussé Salah Aguila à demander de laisser tranquille le chef du gouverneme­nt, afin qu’il assure la mission pour laquelle il a été choisi. Dbeyba serait, semble-t-il, obligé de prendre en charge, lui-même, le ministère de la Défense, en l’absence de tout compromis autour d’un nom. Le ministre des Affaires étrangères sera désigné en accord avec le Conseil présidenti­el.

Le chef du gouverneme­nt nominé a assuré les députés qu’il «n’y aura plus de guerre, même si je devais me sacrifier pour cela». Il a promis d’aller à Benghazi, dès l’accréditat­ion de son gouverneme­nt et de «faire le nécessaire pour rapatrier les mercenaire­s, cette épée au dos des Libyens». Dbeyba a également souligné que la présence féminine s’élève à 15% dans son gouverneme­nt, que les ministres vont présenter des déclaratio­ns sur leur patrimoine immobilier et qu’il a écarté toutes les personnali­tés ayant déjà été dans des gouverneme­nts depuis 2011. Il semble que le gouverneme­nt Dbeyba va avoir l’aval du Parlement, selon les tournures actuelles des événements en Libye. Son principal rôle, c’est de préparer les élections, prévues le 24 décembre, et améliorer le vécu du Libyen lambda. La réconcilia­tion politique, c’est le boulot du Conseil présidenti­el.

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La Libye peut espérer...

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