L’identité virtuelle et son impact sur la femme
La violence verbale à l’égard de la femme ne s’exprime, généralement pas à travers des insultes ou des injures, mais elle réside dans des segments du discours qui cachent derrière les mots, des points de vue, des idées et des stéréotypes qui renvoient à une violence implicite à l’égard de la femme algérienne», a soulginé Tanina Halouane, maître assistante, classe A, au département de français de l’université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou (UMMTO). Elle est intervenue lors d’une Journée d’étude organisée par le département des sciences humaines de l’UMMTO. «Parmi les différents réseaux sociaux Instagram, Twitter, Snapchat, etc., c’est Facebook qui attire le plus notre attention. En effet, les échanges verbaux qui ont lieu sur la plateforme donnent à voir tous types d’interactions, d’énoncés et de procédés de formation lexicale», ajoute le même universitaire. Abdenour Boussaba, docteur en sciences de l’information et de la communication et enseignant à l’UMMTO. Il a présenté une étude sémiologique et analytique sur la violence contre la femme à travers les images caricaturales tandis que le docteur El Hadi Boudib de l’université de Béjaïa a parlé de l’image de la femme entre l’immuable et le variable dans le monde avant que le Dr Oussama Afrah, de l’université d’Alger, n’évoque l’identité virtuelle et son impact sur le processus de communication. En outre, l’impact de Facebook sur l’image du corps chez la femme est l’intitulée de l’intervention Naïma GhazliTamazouzt, docteur en psychologie. Pour sa part, le Dr Mihoub Djirane de l’université de Laghouat, qui est intervenu à distance, par visioconférence, a mis l’accent sur les pages de chats et dialogue entre les genres (séduction et attirance). Sur un autre volet, le Dr Nacera Khalfi de l’UMMTO a axé son intervention sur «Les nouveaux réseaux de communication, la femme et le pari de l’espace public marginal». Par ailleurs, l’intervention du Dr Karim Chebouti de la faculté des langues de l’UMMTO, a porté notamment, sur «Le discours médical des femmes sur les forums : articulation entre langue générale et langue spécialisée». En somme, tous les participants à cette rencontre scientifique ont mis l’accent, essentiellement, sur les pratiques discursives à l’égard des femmes et de la condition féminine sur les réseaux sociaux, thème de cette journée d’étude initiée par le professeur Messaouda Larit qui a estimé que «le monde virtuel se présente comme une plateforme accessible à tous, comme un lieu neutre où chacun est libre de s’exprimer, abstraction faite de son identité sexuelle. Or, un simple survol des échanges verbaux ou des publications qui portent sur la femme sur les réseaux sociaux indique que les stéréotypes et les clichés sur le genre féminin déterminent l’orientation discursive et taxent la femme d’être inférieure. C’est pourquoi, nous nous interrogeons sur la nature des publications ayant pour objet la femme d’un côté, et des échanges verbaux dont certains protagonistes sont des femmes, d’un autre côté», a-t-elle souligné dans l’argumentaire de cette rencontre. «Dans toutes les sociétés, le discours sur la femme est chargé de valeurs particulières et différentes de celui porté sur l’homme. Tenu pour référence, le genre masculin jouit de représentations culturelles combien mélioratives, le dénominatif commun (homme) à ce genre et à la race humaine en dit long sur ces représentations. La plupart des sociétés, étant d’organisation patriarcale, arbore un discours peu valorisant, voire accusateur à l’égard des femmes. Le discours généré à son égard lui a octroyé une image particulièrement dégradante et une position sociale peu confortable», a-t-elle ajouté, entre autres. Enfin, le Dr Farid Boutaba, doyen de la faculté des sciences humaines et sociales (FSHS) de Tizi Ouzou, a déclaré lors de son allocution d’ouverture de cette journée, que des études psychologiques, sociologiques et même littéraires doivent se faire sur l’évolution de la femme dans la société traditionnelle comme celle du tiers-monde.