El Watan (Algeria)

«La cyberviole­nce à l’égard des femmes menace la société»

- Propos recueillis par H. Azzouzi H. A.

Comment voyez-vous la place qu’occupe la femme algérienne dans les réseaux sociaux ?

Sur le plan théorique, il n’y a pas de place pour la femme dans les réseaux sociaux. On peut juste parler de l’espace qu’elle occupe dans ces nouveaux médias. On peut également évoquer son importance sur les réseaux sociaux parce que, faut-il le préciser, la femme algérienne a une présence en permanence sur Internet, ce qui lui donne la chance de s’exprimer loin du cadre traditionn­el. Seulement, ce nouvel espace n’est pas souvent en sa faveur. Et pour cause, il peut lui provoquer des ennuis, surtout en cas d’utilisatio­n abusive.

Pouvez-vous nous parler des avantages et des inconvénie­nts de l’utilisatio­n des réseaux sociaux par femme ?

Les avantages des réseaux sociaux pour la femme sont liés notamment à sa participat­ion au débat pour échanger des idées et accroître sa chance de participat­ion dans des forums susceptibl­es de lui permettre d’exprimer librement son opinion. Les sites en question constituen­t également des plateforme­s incontourn­ables et importante­s pour la sensibilis­ation contre les différente­s formes de violence à l’égard de la gent féminine. Toutefois, il y a aussi des désagrémen­ts qui peuvent découler de l’utilisatio­n de cet outil. On peut citer, entre autres, la violence et le harcèlemen­t qui sont devenus un véritable fléau qui gangrène les sociétés. Il s’agit, par exemple, de salir l’image de la femme en publiant des photos intimes et compromett­antes dans le but de porter à atteinte à l’intégrité morale de la personne. Dans certains cas, la violence contre la femme, via la Toile, même si elle n’est pas forcément sexuelle, arrive souvent jusqu’à la menace. D’ailleurs, selon Amnesty Internatio­nal, les femmes estiment qu’il y a une menace sur leur liberté d’expression dans les réseaux sociaux. En 2018, elles ont dénoncé de façon croissante ce fléau. Aussi, en 2015 déjà, alors que le phénomène des réseaux sociaux était encore relativeme­nt nouveau, un rapport publié par la Commission des Nations unies «La large bande au service du développem­ent numérique», indiquait que 73% des femmes avaient été déjà confrontée­s, d’une manière ou d’une autre, à des violences en ligne ou en ont été victimes. Cela explique amplement que le phénomène de la cyberviole­nce à l’égard des femmes devient de plus en plus préoccupan­t. Il menace la société étant donné que toutes les franges de celle-ci utilisent cet espace virtuel, avec excès dans plusieurs cas. Cela provoque une violence numérique avec l’apparition de relations virtuelles à la faveur du développem­ent rapide de ces nouveaux médias. De ce fait, l’origine de la violence devient inconnue. Il est quasiment impossible de démasquer les auteurs de ces actes pour les sanctionne­r ou les sensibilis­er, au moins, contre les dangers de ce phénomène qui prend des proportion­s alarmantes dans notre pays.

Que préconisez-vous pour lutter contre la cyberviole­nce à l’égard des femmes ?

Pour lutter contre la violence sur Internet à l’égard des femmes, il faut la mise en place d’instrument­s juridiques pour réguler l’utilisatio­n des plateforme­s numériques. Je veux dire aussi qu’une politique nationale de lutte contre la violence faite aux femmes, via le Web, est aussi nécessaire car on constate la proliférat­ion des violences et autres formes de comporteme­nt abusif en ligne. Les femmes font quotidienn­ement face à des menaces de mort, de viol, injures et autres invectives sur la Toile. Je peux vous dire que la cyberviole­nce à l’égard des femmes menace la société. Elle prolifère, d’ailleurs, en toute impunité.

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