Benziane étale les insuffisances au grand jour
● Seulement «40% des résidences se trouvent en bon état», 40% d’entre elles sont «dans un état moyen» et 20% en «mauvais état», voire «catastrophique», comme l’a souligné le ministre de l’Enseignement supérieur lors d’une conférence de presse organisée à l’issue de cette rencontre.
Une première dans les annales de l’université algérienne. Le premier responsable en charge du secteur, Abdelbaki Benziane, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique (MESRS), a présenté, hier, les résultats du diagnostic fait sur l’état des résidences universitaires et des différentes prestations assurées par son département au profit de quelque 500 000 étudiants.
A l’occasion d’une réunion d’évaluation du 1er semestre universitaire, tenue à la faculté de médecine d’Alger, en présence de l’ensemble des recteurs d’université, le ministre est revenu sur les différentes insuffisances relevées par les équipes de contrôle et d’inspection dépêchées au niveau des 400 cités universitaires que compte le pays. Seulement «40% des résidences se trouvent en bon état», 40% d’entre elles sont «dans un état moyen» et 20% en «mauvais état», voire «catastrophique», comme l’a souligné le ministre lors d’une conférence de presse organisée à l’issue de cette rencontre. Concernant l’eau potable, 21% seulement des cités universitaires en sont convenablement alimentées, 43% parmi elles le sont moyennement et 36% en sont approvisionnées de façon médiocre. Plus inquiétant, le ministre a révélé que les systèmes de chauffage ne fonctionnent pas dans 74% des résidences universitaires. D’où, certainement, le recours des étudiants à des moyens souvent dangereux pour se réchauffer, mettant leur vie en péril. C’est ce qui est arrivé, d’ailleurs, il y a quelques semaines, faut-il rappeler, à la cité universitaire Ouled Fayet, à Alger, où l’explosion d’une bonbonne de gaz dans une chambre a provoqué la mort d’une étudiante. S’agissant de la sécurité des infrastructures d’hébergement, justement, le ministre de l’Enseignement supérieur a affirmé qu’elle n’est pas assurée d’une manière conforme dans l’ensemble des résidences, puisque 21% d’entre elles présentent des insuffisances en la matière.
Quant à la restauration, le diagnostic présenté montre que 16% des Resto U sont dans un état dégradé, 37% dans un état moyen et à peine 47% en bon état. M. Benziane a indiqué qu’un travail de réhabilitation a été entamé pour la réfection des infrastructures délabrées et les préparer pour la prochaine rentrée universitaire. D’une manière plus globale, le gouvernement s’apprête à mettre fin au «désordre» dans le fonctionnement et la gestion de l’ensemble du système des oeuvres universitaires et des chantiers de réflexion ont été mis en place pour proposer des «réformes structurelles profondes» avec pour objectifs la rationalisation des dépenses et l’amélioration des prestations fournies aux étudiants. Le ministre a précisé, à cet effet, que le projet de réforme est en phase de finalisation et devrait être soumis au gouvernement avant la fin du mois courant. Au plan pédagogique, le ministre a annoncé que le secteur se dotera bientôt d’une nouvelle plateforme numérique dédiée à l’enseignement à distance, un mode qui sera «définitivement adopté par les universités algériennes», appelées à muter vers un système d’enseignement hybride (en présentiel et en ligne), d’autant qu’il a montré son efficacité durant cette crise sanitaire. Le directeur général des enseignements et de la formation supérieure au MESRS, Boualem Saidani, a appelé, à ce propos, au respect des normes pédagogiques qui devient, du fait de cette mutation, une des exigences clés pour un enseignement de qualité.