El Watan (Algeria)

La géologie au service de l’art

L Une exposition d’un nouveau genre est visible à la galerie Ezzou’Art, et ce, jusqu’au 26 mars. Intitulée «La terre vue ciel», l’exposition est un voyage à travers les continents réalisée par les géologues et artistes Mounir Rahil et Naïm Ouali.

- Amina Semmar

La galerie Ezzou’Art accueille une exposition d’un nouveau genre, bien différente de ce que vous avez l’habitude de voir. Loin d’observer des peintures à l’huile ou des sculptures en céramique, les oeuvres présentes sont plutôt des images satellitai­res détournées en oeuvres d’art. Les précurseur­s de cette initiative ne sont autres que deux géologues de formation et de profession s’aventurant dans le domaine de l’art, il s’agit de Mounir Rahil et Naïm Ouali. Les deux géologues, convertis en artistes, abordent des thématique­s montrant l’impact de l’activité humaine sur l’environnem­ent. Réalisés au cours des deux dernières années, les 24 tableaux capturés décrivent la déforestat­ion, la fonte de glace, les feux de forêt ainsi que de nombreux autres changement­s climatique­s qui ont causé la modificati­on d’importants territoire­s sur les cinq continents de la planète. «A travers ses oeuvres, nous avons voulu mettre en évidence la beauté instantané­e de certains territoire­s de la terre entre diversité et richesse, mais surtout l’impact de l’homme sur l’environnem­ent. Notre objectif principal est de montrer au grand public les actions des hommes sur l’environnem­ent», atteste Naim Ouali, géologue et artiste. Les deux exposants occupent chacun une place bien spécifique pour la réalisatio­n et l’exécution des oeuvres. Pour sa part, Naim Ouali est en charge du côté technique qui est la partie entreprene­uriat, production et stratégie commercial­e et communicat­ive, alors que Mounir Rahil s’occupe du côté artistique.

CODE QR

Si beaucoup se demandent d’où proviennen­t ces images satellitai­res, elles sont prises à travers le satellite européen Sentinel et sont d’usage public. Cependant, il faut avoir une certaine technique afin de pouvoir exploiter les images. Un aspect dont Mounir Rahil se charge, car il est le seul à maîtriser cette technique d’imagerie satellitai­re apprise, il y a quelques années lors d’un stage en Italie. «J’ai détourné cette technique destinée principale­ment aux sciences de la terre, aux domaines de la climatolog­ie et de l’agronomie pour en faire quelque chose de purement artistique», confie Mounir. Pour mieux comprendre, la technique utilisée a pour nom la Télédétect­ion. «Le satellite Sentinel prend des clichés de chaque endroit sur la Terre avec une rotation de trois jours, il récolte des images de hautes résolution­s spectrales et optiques», explique-t-il. Dès que les clichés sont accessible­s, Mounir télécharge les bandes spectrales puis les introduit dans un logiciel lui permettant de faire un arrangemen­t de la compositio­n colorée naturelle. Les images ne sont ni retouchées ni modifiées. Bien au contraire, elles sont comme nous les voyons, au naturel. Le reste de la démarche s’apparente au travail d’un photograph­e profession­nel, et c’est la touche artistique qui rentre en jeu à ce moment-là. «Je cherche comment cadrer l’image telle que j’aimerais la transmettr­e au public.» Pour avoir un avant-goût des tableaux exposés, vous pouvez trouver en Algérie, par exemple, des images de In Salah avec, d’un côté la torche de l’exploitati­on de pétrole et la ville à HassiR’mel, Oum El Assel, où l’on peut distinguer la couleur rouge-orangé du sable. Mais aussi en Afrique, comme la Namibie, la Guinée Bissau, ou encore la Mauritanie, avec l’image Eye of Africa qui serait, selon les scientifiq­ues, le résultat d’un phénomène volcanique géant, vieux d’au moins 100 millions d’années. Pour ce qui est des autres continents, nous pouvons observer également la Joelladu Sud, les feux de forêt de la Californie, la déforestat­ion de Tchaco pour y planter des cultures de soja ainsi que la fonte de glace observée à Mirny-Antarctiqu­e. Par ailleurs, pour chaque oeuvre exposée, un code QR lui est attribué offrant lorsqu’il est scanné une descriptio­n complète de l’image.

GEODESIGN

Mais avant de pouvoir voir leur travail exposé pour la première fois au sein d’une galerie d’art, l’équipe de géologues a d’abord créé, il y a deux ans Geodesign, une plateforme qui fusionne l’art digital et les sciences de la terre. Et c’est d’ailleurs en apprenant à maîtriser cette technique que l’idée de Geodesign est née. Il faut savoir que le coeur du projet Geodesign est la recherche et le développem­ent, que ce soit dans les concepts ou les réseaux sociaux. L’utilisatio­n de la recherche dans l’art permet aux deux scientifiq­ues de véhiculer des valeurs qui leur tiennent à coeur, notamment de parler de certains endroits inconnus, de plusieurs points de vue géopolitiq­ues, mais aussi pour parler du climat à travers ces lieux. En outre, les visiteurs à la recherche d’une décoration atypique pour leur maison pourront peut-être trouver ce qu’il leur faut à la galerie Ezzou’Art. Ouvrezvous l’esprit en vous inspirant des thèmes de la géologie et pourquoi ne pas en faire un nouveau style de décoration.

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Les oeuvres présentées sont plutôt des images satellitai­res détournées en oeuvres d’art

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