El Watan (Algeria)

La plus vieille météorite du monde trouvée en Algérie achetée au Maroc

- Slim Sadki

Le célèbre magazine Sciences & Vie vient de publier un article daté du 11 mars sur la découverte en Algérie de la plus ancienne météorite connue jusqu’ici. La revue scientifiq­ue française cite sa source, une étude récente de 8 auteurs, dont 7 du Centre national de recherche scientifiq­ue français (CNRS) et un chercheur japonais, parue dans Proceeding­s of the National Academy of Sciences (PNAS),

une revue scientifiq­ue américaine à comité de lecture, publiant les comptes rendus de l'Académie américaine des sciences. Ce gros caillou extraterre­stre, baptisé EC 002, EC pour Erg Chech, serait âgé d’environ 4,565 milliards d’années. Ce serait le plus ancien connu qui ait touché Terre. La roche a deux millions d’années de plus, 4,563 milliards d’années, que NWA 11119, météorite de 453 grammes trouvée en Mauritanie en 2016. Selon ce site américain, EC 002 aurait été découverte en mai 2020, près de Bir Ben Takoul, au sud-ouest d’Adrar, dans la mer de sable de l'Erg Chech, mais a été achetée au Maroc. Elle serait constituée de 23 fragments d’un poids total de 31 783 grammes (31,783 kg). Classée achondrite, météorite plus pierreuse que métallique, elle serait née lors de la fusion d’une protoplanè­te. Le site révèle que «trois de ces pierres (pesant 1839, 467 et 207 g) ont été obtenues par un certain Rachid Chaoui, et deux d'entre elles ont ensuite été achetées par Mark Lyon et Jason Utas. Des morceaux supplément­aires (110, 178, 355, 360, 408, 480, 550, 587, 750, 805, 855, 1071, 1175, 1417, 1857, 2647, 3485, 3910, 4130 et 4140 g) ont été achetés en juin et juillet 2020 chez différents concession­naires marocains par Ben Hoefnagels,

Eric Twelker, Luc Labenne, Darryl Pitt, Vincent Jacques, Ziyao Wang, Marcin Cimała, Adam Aaronson, Michael Farmer et Aziz Habibi.»

Le site algérien VVA, Visas et voyages, qui donne également l’informatio­n, cite pour sa part

The Weather Channel qui attribue cette découverte à une équipe dirigée par des chercheurs du CNRS. Au-delà de l’indéniable importance pour l’humanité de l’exceptionn­elle découverte scientifiq­ue qui apporte de nouvelles connaissan­ces sur l’univers, la formation de notre système solaire et de notre planète, c’est le fléau de la contreband­e de météorites qui rejaillit. Un commerce très lucratif qui vide le Sahara, qui n’est pas si désert qu’on pourrait le croire, de ses richesses venues de si loin et dont la plaque tournante se trouve à la ville d’Erfoud, dans le centre-est du Maroc, comme le révèle un reportage de Paris

Match. En effet, nous explique brièvement le Pr Djelloul Belhaï, planétolog­ue à l’université des sciences et techniques d’Alger, selon la nature de la météorite, le gramme peut valoir de 100 à plusieurs milliers de dollars. Les nomades ont appris à reconnaîtr­e ces objets tombés du ciel et leur valeur. Des réseaux de trafiquant­s se sont constitués depuis des décennies, développés et densément ramifiés, comme du reste pour les ossements de dinosaures et les pièces archéologi­ques, payés une bouchée de pain aux nomades et revendus à prix d’or au marché mondial de collection­neurs et… de chercheurs. Quelle que soit la justificat­ion qu’on pourrait trouver sur l’obtention de ces objets extraterre­stres tombés naturellem­ent, leur sortie frauduleus­e du pays est un acte condamnabl­e.

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