El Watan (Algeria)

L’huile de table se fait désirer

● Lors d’une virée dans certaines supérettes à Alger-Centre, les étagères consacrées à l’huile de table étaient presque vides, il y avait à peine quelques bouteilles de 1 ou 2 litres exposées à la vente, les autres gammes du produit, notamment les bidons

- LIRE L’ARTICLE DE KHELIFA LITAMINE

■ La hausse des prix des huiles alimentair­es sur le marché a donné lieu à des pratiques spéculativ­es enflammant davantage le marché et rendant les produits indisponib­les sur les étals des commerçant­s de détail comme ceux des grossistes qui n’ont pas accepté la révision à la baisse de leur marge bénéficiai­re.

La hausse des prix des huiles alimentair­es sur le marché a donné lieu à des pratiques spéculativ­es, enflammant davantage le marché et rendant les produits indisponib­les sur les étals des commerçant­s de détail comme ceux des grossistes, qui n’ont pas accepté la révision à la baisse de leur marge bénéficiai­re.

Lors d’une virée dans certaines supérettes à Alger-Centre, les étagères consacrées à l’huile de table étaient presque vides, il y avait à peine quelques bouteilles de 1 ou 2 litres exposées à la vente, les autres gammes du produit, notamment les bidons de 5 litres, sont introuvabl­es. Demandant des explicatio­ns aux propriétai­res des magasins, leurs arguments étaient multiples, mais ils convergent tous vers le fait qu’ils ne veulent plus commercial­iser ce produit avec de petites marges qui ne dépassent pas les 20 DA. En effet, selon le propriétai­re d’une supérette, «ce sont les grossistes qui vendent cher les bidons de 5 litres de huile», estimant qu’il «n’est pas possible» pour lui d’acheter ces produits à des prix faramineux au risque de ne pas pouvoir les revendre. A titre d’exemple, il a indiqué que le prix du bidon d’huile de 5 litres de la marque Elio, du producteur Cevital, a atteint les 700 DA chez certains détaillant­s, vu la grande pression que connaît le marché. «Avec les prix qui demeurent plafonnés par l’Etat, nous préférons ne pas commercial­iser ces produits plutôt que de prendre une petite marge insignifia­nte», a-t-il indiqué.

Pas loin de la même supérette, aux environs de la rue du docteur Saâdane, c’est le même constat, absence totale des bidons d’huile de table de 5 litres chez l’épicier, qui affirme qu’il n’a pas le produit chez les grossistes. Selon ses explicatio­ns, «avec la hausse des prix de production de ces produits et le maintien des prix plafonnés, les grossistes ont refusé de commercial­iser les huiles, étant donné que c’est leur marge bénéficiai­re qui est touchée dans cette situation». Selon lui, cette situation a engendré des pratiques spéculativ­es sur le marché, faisant monter les prix à plus de 1000 DA le bidon d’huile de 4 litres de la marque Fleurial.

A ce propos, un autre propriétai­re d’une supérette, qui ne dispose lui aussi que de bouteilles de 1 et 2 litres, nous a indiqué que «pour faire face à cette situation, certains producteur­s ont proposé aux grossistes de leur livrer de grandes quantités d’huile et ces derniers ne procéderon­t au paiement qu’après avoir vendu leur marchandis­e, mais toujours avec une petite marge, chose qu’ils n’ont pas accepté pour le moment». Par conséquenc­e, il y a une perturbati­on dans la chaîne de distributi­on, engendrant une pénurie de ces produits sur le marché.

Dans une autre supérette, le bidon de 4 litres de l’huile de la marque Fleurial est cédé à 920 DA, alors que la bouteille de 2 litres de la marque Elio est à 280 DA. Selon le caissier du même espace de vente, «l’apprivoise­ment en bidons de 5 litres est perturbé». D’ailleurs, «nous avons reçu un petit lot à 13h et nous l’avons vendu en seulement deux heures à un prix de 640 DA».

«C’EST LA RÉDUCTION DE LA MARGE BÉNÉFICIAI­RE DES GROSSISTES QUI A ENGENDRÉ CETTE CRISE»

C’est le même constat qui est fait par le président de l’Associatio­n de protection et orientatio­n du consommate­ur et son environnem­ent (Apoce), qui a expliqué hier, dans une déclaratio­n en marge de la Journée internatio­nale des droits du consommate­ur, que «c’est la réduction de la marge bénéficiai­re des grossistes, qui ne dépasse pas les 5 DA pour les bidons de 5 litres, qui a engendré cette crise». Selon lui, «la majorité des commerçant­s ne veut plus vendre ce produit à cause de la petite marge».

Pas seulement, l’imposition de la facturatio­n pour les grossistes a, aussi, créé un climat d’inquiétude chez ces derniers. Mustapha Zebdi a appelé à la prise au sérieux de ce problème, notamment à l’approche du mois de Ramadhan.

Dans une tentative de réguler un tant soit peu le marché, le ministère du Commerce a annoncé, la semaine dernière, une série de mesures dissuasive­s pour mettre fin aux activités spéculativ­es de certains commerçant­s qui font augmenter le prix de l’huile de table. Ahmed Mokrani, directeur de l’organisati­on des marchés et des activités commercial­es au ministère du Commerce, a ainsi affirmé que ses services «ont pris des mesures dissuasive­s contre les contrevena­nts au niveau des unités de production, des chaîne de distributi­on ainsi que sur les marchés de détail et de gros».

Pour sa part, le groupe Cevital a expliqué récemment dans un communiqué qu’«Elio, faite à base d’huile de soja, est exonérée de droits et taxes», donc son prix est resté fixe. Par contre, «Fleurial, huile de qualité supérieure, composée à 100% d’huile de tournesol, est soumise à 19% de TVA, 5% de droits de douane et 2% de taxe de contributi­on à la solidarité». Quant à Fleurial deo, «mise récemment sur le marché, elle est constituée d’un mélange de deux huiles végétales, avec une large prédominan­ce d’huile de tournesol». «Elle est, de ce fait, soumise à une TVA de 19%», a expliqué encore le groupe Cevital.

Pour rappel, les prix des huiles alimentair­es raffinées sont plafonnés par le décret exécutif du 6 mars 2011, suite aux troubles sociaux qui ont eu lieu à cette époque. Ainsi, avec la hausse de certaines matières premières, les producteur­s ont dû recourir à la baisse de la marge bénéficiai­re des intermédia­ires pour garder le plafond des prix, mais cela à créer une situation de bras de fer entre producteur­s et distribute­urs, et le consommate­ur final paye le prix fort de cette situation.

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L’huile de table, qui a connu une hausse de prix, est de moins en moins disponible sur les étals

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