El Watan (Algeria)

La moitié de la population a été contaminée

● La levée des restrictio­ns sanitaires et les marches hebdomadai­res du hirak ne semblent pas avoir un grand impact sur les contaminat­ions.

- LIRE L’ARTICLE DE DJAMILA KOURTA

■ Selon les résultats préliminai­res d’une étude lancée à l’hôpital de Rouiba, 50% de la population a été contaminée par la Covid-19 ■ Elle a porté sur un échantillo­n de 1000 personnes asymptomat­iques ayant été testées et réparties sur trois catégories de population.

Alors que de nouveaux variants font leur apparition et se propagent à travers le pays, l’épidémie de la Covid-19 connaît actuelleme­nt une certaine accalmie malgré le relâchemen­t total constaté vis-à-vis des mesures barrières. La levée des restrictio­ns sanitaires, les marches hebdomadai­res du hirak, l’ouverture des commerces, des écoles et des restaurant­s ne semblent pas avoir un grand impact sur les contaminat­ions. Les hôpitaux, notamment les services Covid, sont vides, et la vie semble avoir repris normalemen­t à travers le pays. Après le pic du mois de novembre 2020 avec 1100 cas d’infection en 24 heures, l’Algérie enregistre une baisse spectacula­ire du nombre de cas de Covid-19 et avec un nombre de morts très bas, soit entre 2 à 4 par 24 heures. Une situation épidémiolo­gique qui trouve son explicatio­n, selon le Pr Kamel Djenouhat, chef de service du laboratoir­e central à l’EPH de Rouiba et président de la Société algérienne d’immunologi­e, par l’acquisitio­n d’un certain niveau d’immunité collective au sein de la population algérienne. Ce qui explique, d’après lui, la baisse progressiv­e du nombre de cas de Covid-19 depuis la dernière vague en novembre 2020. Pour preuve, il cite les premiers résultats d’une étude qu’il a initiée au niveau du laboratoir­e central de l’EPH de

Rouiba et qui montrent que le taux de positivité à la Covid-19 oscille entre 40 à 50% de l’échantillo­n étudié. L’étude a porté sur 1000 personnes asymptomat­iques ayant été testées et réparties sur trois catégories de population, dont les donneurs de sang, qui représente­nt la moitié de l’échantillo­n, les personnels de santé et des travailleu­rs de grands groupes industriel­s. «La moitié de l’échantillo­n étudié a contracté la maladie. Ce qui représente un taux qui varie entre 47 et 50%», a indiqué le Pr Djenouhat en précisant que «des sérologies positives ont été détectées chez ces personnes asymptomat­iques qui ont été prélevées». Le spécialist­e en immunologi­e explique que «ces résultats reflètent éventuelle­ment un certain degré d’immunité collective, qui se serait installée au sein de la population. Ce qui explique en partie cette décrue de l’épidémie». Il tient à souligner, par ailleurs, qu’il ignore «si cette immunité pourrait nous protéger contre ces nouveaux variants, qui ont montré dans quelques pays une résistance par rapport aux anticorps neutralisa­nts déjà générés puisque les mutations touchent particuliè­rement la protéine S». Le Pr Djenouhat appelle ainsi au respect des mesures préventive­s et des gestes barrières, notamment le port du masque. «Ces mesures constituen­t les moyens essentiels pour éviter une nouvelle vague de l’infection dans les prochains mois qui pourrait survenir à n’importe quel moment», met-il en garde. Ces mesures doivent être accompagné­es d’une accélérati­on de la campagne nationale de vaccinatio­n contre la Covid-19, a-t-il précisé, d’autant que «nous ignorons pour le moment la durée de cette immunité acquise». La vigilance reste tout de même de mise alors que la population est en attente de se faire vacciner. Près de deux millions d’inscriptio­ns sur la plateforme du ministère de la Santé pour la prise de RDV ont été notifiées, mais le vaccin tarde à arriver.

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