Prévisible limogeage et surprenante promotion
• Après une surprenante ascension, Farid Bencheikh est promu 16e Directeur général de la Sûreté nationale en 59 ans et 7e en dix ans • Contrairement au limogeage prévisible de son prédécesseur, Khelifa Ounissi, sa nomination en a surpris plus d’un et susc
Si le limogeage de Khelifa Ounissi du poste de patron de la police était prévisible, la nomination de Farid Zineddine Bencheikh comme successeur a été une vraie surprise aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur de la Sûreté nationale. Au fait de cette institution qu’il a rejoint vers la fin des années 1970, Ounissi a fait une longue carrière, en passant par les sûretés urbaines et de daïra, les renseignements généraux, puis la police des frontières, services au sein duquel il a beaucoup exercé. Avec Abdelghani Hamel, comme directeur général, les relations de travail n’étaient pas aussi reluisantes.
Il a fini par être victime de cette opération de menée par Hamel, et se retrouve admis à la retraite. En août 2019, à la surprise générale, il est rappelé pour succéder à Abdelkader Bouhedba, lui aussi mis à la retraite par Hamel, avant que son nom ne revienne au mois de février 2019 pour remplacer Mustapha Lahbiri, qui avait succédé à Abdelghani Hamel, limogé au mois de mai 2018 après ses déclarations sur l’affaire de la saisie de 701 kg de cocaïne à Oran. Contrairement à Bouhedba, Ounissi a quand même passé 19 mois à la tête de la Sûreté nationale, même si bon nombre de ses collègues restaient convaincus qu’il «n’allait pas faire long feu». Absent de la scène, objet de nombreuses critiques, il se fait de plus en plus discret. Son absence à la réunion du Haut Conseil de sécurité, tenue le 21 février dernier, était révélatrice d’un mécontentement de l’autorité. C’était à la veille du retour des marches populaires, dont le ton avait été donné cinq jours avant à Kherrata, par une imposante manifestation. Au fond, il savait que sa mise de fin de fonction était déjà dans l’air, et ce n’est que le 14 mars qu’il sera informé de la décision signée par le Président.
La surprise est venue cependant de la désignation de Farid Zineddine Bencheikh, âgé de 57 ans, comme remplaçant. De nombreux cadres de la police ont été surpris d’apprendre la nouvelle en ce lundi 15 mars. Réaction légitime, lorsque l’on connaît le parcours de ce cadre qui a rejoint les rangs de la police au début des années 1990. Diplômé, de France, en science de la criminologie, il avait exercé dans les prisons françaises, avant de rentrer au pays pour travailler sur le phénomène du terrorisme au sein de la police. Il fera de nombreux stages de formation et passera par quelques services, avant d’être désigné, par feu Ali Tounsi, chef de sûreté de wilaya de Béchar, puis à
Jijel. Quelques années après, il est promu, par Abdelghani Hamel, contrôleur à Jijel puis inspecteur régional à Ouargla. Il est rappelé quelques années après par Abdelghani Hamel, qui le laisse sans poste au niveau de la Direction générale. C’est avec l’arrivée de Khelifa Ounissi que Bencheikh sera nommé inspecteur régional du centre, à Blida, une ville pas comme les autres, puis au mois de juillet 2020, il est promu, avec sept autres cadres supérieurs de la DGSN, contrôleur général, le plus haut grade de la police. Il deviendra, huit mois plus tard, le 16e Directeur général de la Sûreté nationale, en remplacement de celui qui lui a paraphé sa promotion au plus haut de l’échelle au sein de la police. Une «ascension rapide», disent ses collègues, dans un contexte aussi complexe, et après avoir fait face à des chocs successifs. Le premier lié à l’assassinat, en 2010, de feu Ali Tounsi dans son bureau par un de ses plus proches collaborateurs, l’officier de l’armée de l’air auquel il a fait appel, le colonel Chouaib Oultache, et le second, relatif à une décennie d’un règne de son successeur, le général-major Abdelghani Hamel, brutalement limogé et poursuivi avec les membres de sa famille dans des affaires de corruption.