Le hirak mobilisé par tous les temps à l’Est
Par une journée froide et pluvieuse, le hirak a pu quand même rassembler, hier, des centaines de personnes à Constantine pour une autre marche durant laquelle une forte détermination a été exprimée pour exiger le départ du pouvoir. Partis un peu plus tôt que prévu de la place du Colonel Amirouche, les manifestants ont scandé : «La aâdala, la charîa, el îssaba hiya hiya !» (Ni justice ni légitimité, la bande est toujours la même). La marche d’hier a été surtout marquée par le retour des retraités, des invalides et des ayants droit de l’ANP. Ces derniers ont répondu à l’appel de leur Coordination nationale de rejoindre le hirak pour réclamer un changement radical et établir l’Etat de droit. «Nous étions dès le début avec le hirak, mais après les promesses de Tebboune lors de l’élection présidentielle, nous avons cru à un changement. Malheureusement, il n’a pas concrétisé ses promesses», a déclaré Nadir Menzri, coordinateur de wilaya des anciens de l’ANP. Et de condamner la répression qu’ils ont subie lors de leur manifestation à Bentalha. «C’est inacceptable, nous sommes ici pour apporter notre soutien au hirak populaire et pour le départ de Tebboune», a-t-il fulminé. Plusieurs citoyens ont qualifié le pouvoir de «terroriste» et ont condamné la répression des anciens de l’armée.A Annaba, ils étaient des centaines à battre le pavé pour manifester en ce 109e vendredi et crier : «Dawla madania machi askaria !» (Etat civil, pas militaire). Ils étaient venus des quatre coins de la wilaya pour être au rendez-vous sur le Cours de la Révolution et ses alentours. Ils ont manifesté pacifiquement, en scandant différents slogans dont le dénominateur commun est le rejet du système en place, refusant la tenue des prochaines élections. Par ailleurs, ceux qui ne se sont pas joints aux marches ont été «taquinés» sur le Cours de la Révolution par les manifestants. «Nahi siwana wa arwah maana !» (Laissez tomber vos parapluies et rejoignez-nous), ont-ils crié sur un ton ironique. Force est de confirmer que pour le second vendredi de suite, aucune présence officielle des camions de la police n’a été constatée tout autour de la place publique. A Skikda, la marche menée par un groupe de jeunes et de femmes, connus pour être les premiers hirakistes dans la ville, a été entamée à partir de Bab Kcentina pour sillonner, en aller-retour, les rues Didouche Mourad (les Arcades) et les Allées du 20Août 1955. En plus des slogans propres à ce mouvement populaire, la marche d’hier semblait être dédiée aux hirakistes encore en détention. La presse, dans sa globalité, n’a pas été épargnée par les marcheurs. Accusée d’être à «la solde du pouvoir», elle a été clairement décriée. A Tébessa où la mobilisation était plus importante, les dizaines de manifestants n’ont pas manqué de rappeler le caractère emblématique de cette journée. «Aujourd’hui est un jour de fête pour tous les Algériens, parce que cela coïncide avec le 19 Mars, Journée de la victoire, une date qui a marqué l’histoire de l’Algérie et à travers laquelle le peuple veut un changement radical et pacifique, mais surtout le départ immédiat des symboles de l’ancien régime, qui a su rendre impossible ce changement en faisant la sourde oreille», a déclaré Karim, étudiant en médecine. A Jijel, la grande procession n’était pas au rendez-vous ce vendredi, où la marche s’est ébranlée une fois encore de la cité Hocine Hellala en dépit d’une présence policière dissuasive. Les manifestants ont réclamé l’établissement d’un Etat civil, dénonçant certaines pratiques qualifiées de «terroristes». Sur le peu d’écriteaux brandis, on pouvait lire : «Le peuple, seul représentant du hirak» ou encore «Etat républicain, ni théocratique ni militaire». Il faut dire que quelques slogans jugés «excessifs» ont été pointés du doigt par certains, et dans des discussions dans la manifestation même, la correction de certains slogans est prônée comme : «Les généraux à la caserne» au lieu de «Les généraux à la poubelle».