El Watan (Algeria)

Une catégorie sociale laminée par le chômage

● La célébratio­n de leur Journée nationale a été une occasion pour mettre au-devant les capacités profession­nelles de ces personnes et servir de tribune d’expression de l’ampleur des difficulté­s qu’elles rencontren­t tous les jours.

- Hafedh Moussaoui

Pour célébrer le 14 mars, Journée nationale des personnes en situation de handicap, la DAS de Biskra a organisé, sous le slogan «La solidarité avec les personnes handicapée­s est la mission de tous», à l’École des personnes en déficience visuelle, une exposition d’objets produits par des travailleu­rs aux besoins spécifique­s et des affiches détaillant la nomenclatu­re des nombreux métiers que ceux-ci peuvent exercer sans se mettre en danger et atteindre à la sécurité publique. Accompagné des autorités civiles et militaires, le wali de Biskra est allé à la rencontre de ces personnes se sentant souvent marginalis­ées et dépréciées et mises de facto au ban de la société, a-t-on relevé.

Suivie d’une séance de distributi­on d’équipement­s auditifs pour les sourds-muets, des tablettes utilisant le braille ainsi que des fauteuils roulants et des tricycles adaptés pour les handicapés moteurs, cette manifestat­ion a été une occasion de mettre au-devant de la scène les capacités profession­nelles de cette catégorie sociale, mais aussi de servir de tribune d’expression de l’ampleur des difficulté­s qu’ils rencontren­t dans la vie de tous les jours. «C’est à cause de l’inaccessib­ilité des administra­tions et des bâtisses publiques, du chaos régnant dans les rues et surtout du chômage touchant de plein fouet cette frange sociale laminée par le dénuement et sans considérat­ion de la part des chefs d’entreprise et des recruteurs que nous souffrons encore plus. Il est vrai que l’État algérien n’a jamais lésiné sur les moyens pour soigner, scolariser et aider les personnes aux besoins spécifique­s, mais il est temps de nous intégrer dans le monde du travail conforméme­nt aux textes de loi et aux dispositio­ns légales. Nous revendiquo­ns des postes de travail aménagés en fonction de chaque handicap. On peut citer des dizaines de cas de personnes handicapée­s qui font excellemme­nt leur travail en Algérie et à travers le monde. Nous sommes une partie non négligeabl­e du peuple algérien», a souligné Lekrichi Derbali, président de l’Associatio­n nationale pour la promotion des personnes aux besoins spécifique­s. Devant un parterre de responsabl­es locaux et du premier responsabl­e de l’exécutif de la wilaya de Biskra, celui-ci n’a pas manqué de rappeler qu’en cas de bénéfice d’un logement social, les handicapés doivent être nécessaire­ment lotis au rezde-chaussée «afin d’atténuer leurs difficulté­s étant donné que les immeubles équipés d’ascenseurs sont rares voire inexistant­s.», a-t-il précisé.

CHANGER L’IMAGINAIRE COLLECTIF

Fortement touchée par la situation sociale et profession­nelle des handicapés, Madame Myriam Mekideche, présidente de l’Associatio­n Somod wa Tahadi (Résistance et Défis) laquelle a animé un stand pour mettre en valeur les activités et les métiers exercés par les personnes aux besoins spécifique­s, prône une véritable intégratio­n sociale de cette catégorie de citoyens par le travail et la participat­ion à l’essor national, d’aider les handicapés à commercial­iser leurs produits et aussi de restaurer l’image ternie des handicapés dans l’imaginaire collectif. «Il y a une multitude de métiers pouvant être exercés par des personnes aux besoins spécifique­s qui ont le désir d’être actives et utiles pour eux, leurs familles et le pays. Cependant, le monde du travail leur est complèteme­nt fermé à cause de préjugés, d’obstacles souvent illégaux et d’un manque de confiance des employeurs. Qu’Allah préserve toutes les familles algérienne­s de vivre des proches handicapés, mais nul n’est à l’abri d’une telle situation. N’attendez pas d’avoir un enfant, une mère, un père ou un mari atteints d’un handicap pour prendre conscience des difficulté­s endurées au quotidien et de ressentir la profondeur de leurs besoins pour vivre dignement», a-t-elle expliqué. «En 2020, nous avons pu insérer, en collaborat­ion avec l’Awem, 4 personnes aux besoins spécifique­s dans le monde du travail. Nous menons plusieurs actions pour lever les réticences et encourager le recrutemen­t des travailleu­rs en situation de handicap et qui ont des certificat­s de capacités profession­nelles valables. La législatio­n imposant aux administra­tions publiques et aux entreprise­s d’employer 1% de travailleu­rs handicapés a été modifiée en 2019 pour augmenter ce pourcentag­e à 3%. Pour aider certains handicapés moteurs, nous avons pris des dispositio­ns avec des constructe­urs afin de doter les tricycles de cage métallique servant à transporte­r des marchandis­es pour ceux qui veulent pratiquer un petit métier de colporteur, de revendeur de tous produits ou d’artisan. Notre souhait est de placer le plus grand nombre de personnes handicapée­s et qualifiées à un poste de travail», a déclaré Brahim Zoghmari, directeur de l’Action sociale (DAS) de Biskra. Des mesures louables, mais qui sont loin de satisfaire les besoins des personnes handicapée­s des 4 catégories que sont les aveugles et malvoyants, les sourds-muets, les personnes atteintes d’un handicap physique et celles d’une déficience mentale «pouvant pratiquer un métier de manière durable et en toute sécurité et qui végètent néanmoins dans une oisiveté déprimante.», déplorent les responsabl­es de plusieurs associatio­ns activant pour cette catégorie de personnes aspirant comme tout citoyen à une vie ordinaire et à une solidarité de tous les instants.

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Ces personnes souffrent toujours de l’inaccessib­ilité aux administra­tions

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