«Il faut faire tourner les pièces au lieu d’une seule ou deux représentations»
Votre pièce Laabat El Arch est plutôt une réécriture qu’une adaptation d’ Escurial de Michel de Ghelderode… On ne peut pas dire que c’est une adaptation à 100%. Oui, c’est une réécriture. Parce que quand on a pris le texte d’Escurial de Michel de Ghelderode, on a emprunté uniquement le «squelette». Une oeuvre revisitée actuelle et actualisée… Oui, Laabat El Arch en 2021. On a adapté et on s’est collé à ce qui est actuel. Aussi bien en Algérie, à l’étranger ou encore dans le monde arabe. Dans le texte de Laabat El Arch, entre les lignes, un message est latent, insinué… Je suis une personne qui n’aime pas ce qui est frontal, direct. Le texte est codé. Et le récepteur doit le déchiffrer. C’est une adaptation de Rabah Houadef. Et nous, nous avons effectué une réécriture avec Fethi Kafi qui est à la base un poète. Et il possède le verbe théâtral. Cela est très important. On y décèle aussi un effort créatif collectif, pluridisciplinaire… L’équipe artistique ou technique est constituée de professionnels. La majorité est constituée de comédiens ayant déjà l’expérience. Hormis les deux filles (les comédiennes Charairia Hanane et Fenaïdas Meriem) qui ont uniquement deux spectacles à leur actif. C’est la première fois qu’elles participent à un festival et en prime, elles sont en compétition. Les autres ayant incarné le roi, le bourreau, le bouffon, sont des techniciens de scène. Cela n’est pas donné à tout le monde d’exercer cela sur les planches. Le texte est long et soutenu. C’est du Artaud (Antonin, grand homme de théâtre français). Le théâtre de la cruauté. Je vous rappelle ce qu’on dit à propos de la mise en scène. Il s’agit d’un postulat : dans la création, il faut qu’on fantasme. Après, on ordonne. Avec une équipe ambitieuse, qui voudrait se surpasser, se sentant impliquée, mettant la main à la pâte, donnant un plus. Et Guelma renferme des capacités. Tout comme à Souk Ahras. Seulement, il ne faudrait pas faire un spectacle ou deux, et on cesse l’activité théâtrale. Il faut une continuité. Qui n’avance pas recule. Laabat El Arch évoque le pouvoir qui grise, qui rend fou, c’est actuel… Cela ne m’intéresse pas de parler de la hausse des prix de l’huile, de la tomate, du savon… Non, je veux parler de ce qui me fait vibrer ainsi que la salle, le public. Un sujet, un thème qui ne fait pas vibrer, interpeller le public est stérile. Il n’y a pas mieux que les sujets actuels, la politique, l’amour… La preuve, il y a des thèmes éternels, ils sont universels. Un projet en chantier… Je suis sur un projet. Mais comme je suis directeur du Théâtre régional de Souk Ahras, cela empiète sur la disponibilité. C’est un projet portant sur la condition des femmes. Son titre est La république des célibataires. Inch’Allah, je l’adapterai et le peaufinerai pour en faire un thème d’actualité. C’est un projet à long terme. Il requiert du recul, des annotations, améliorations…