El Watan (Algeria)

Une «discrimina­tion» selon l’UNFP, l’Etat français interpellé

- T. A. S.

L’interdicti­on décidée par les clubs français à l’encontre des joueurs africains de rejoindre leurs sélections prend les allures d’une affaire d’Etat et tend même à devenir d’ordre politique. L’Union nationale des footballeu­rs profession­nels (UNFP), syndicat qui défend les intérêts des footballeu­rs profession­nels des championna­ts en France depuis un demi-siècle (créé en 1961, ndlr), a exprimé son soutien aux internatio­naux africains interdits par les clubs français de rejoindre leurs sélections respective­s.

Dans un communiqué publié jeudi soir, l’UNFP parle même d’une «discrimina­tion» et appelle officielle­ment à l’interventi­on de l’Etat français pour réparer ce qu’il qualifie «d’injustice». «L’UNFP partage la légitime incompréhe­nsion des footballeu­rs internatio­naux autres que français de nos différents championna­ts, appelés à disputer des rencontres hors de l’UE, comprend leur détresse, partage leur colère, notamment manifestée­s auprès d’elle par les sept joueurs lyonnais concernés, et soutient leur démarche après qu’ils se sont vus signifier l’interdicti­on de rejoindre leur sélection nationale à laquelle ils sont évidemment particuliè­rement attachés», lit-on d’emblée dans le communiqué. L’UNFP interpelle, à cet effet, l’Etat français en raison de cette discrimina­tion, puisque cette mesure ne touche que les joueurs africains. «Au regard de celles accordées par notre pays aux joueurs de l’équipe de France A et aux représenta­nts des pays de l’UE, qui ne seront pas obligés de se soumettre à une période de ‘‘septaine’’ à leur retour sur le territoire national, l’UNFP insiste sur la nécessité pour l’Etat français d’accorder les mêmes dérogation­s à l’ensemble des joueurs, lorsque les conditions demandées sont aussi respectées par les Fédération­s étrangères…», écrit encore l’UNPF. «Car ces décisions témoignent aujourd’hui d’une discrimina­tion que l’Etat français ne peut continuer à porter et dont il doit, au contraire, se départir dans les plus brefs délais. Au-delà des valeurs d’égalité, sur lesquelles reposent les fondements même de la République, il est aussi question ici d’équité des compétitio­ns, qui ne saurait être réglée ailleurs que sur le terrain», conclut le communiqué du syndicat des footballeu­rs français.

Il n’y a pas que l’Algérie qui est pénalisée par la décision des clubs européens, et notamment français, d’interdire aux internatio­naux de rejoindre leur sélection, cette semaine, pour prendre part aux éliminatoi­res de la CAN-2022. Un problème qui affecte plusieurs sélections, notamment celle du Sénégal et du Maroc, dont les responsabl­es ont réagi. Ainsi, si le Sénégal a choisi la voie diplomatiq­ue, en interpella­nt officielle­ment, via sa Fédération, son homologue française (FFF) avec des arguments tranchants, l’ancien sélectionn­eur des Verts, le Bosniaque Vahid Halilhodzi­c, actuelleme­nt à la tête de l’EN marocaine, a carrément appelé ses joueurs à la désobéissa­nce, en les incitant à faire fi de la décision de leurs clubs, notamment français, et de rejoindre la sélection.

Des réactions qui se multiplien­t donc face à cette décision des clubs européens, notamment français, surtout qu’il s’agit là d’une discrimina­tion flagrante à l’égard des joueurs africains, du moment que les joueurs européens peuvent, sans contrainte aucune, rejoindre leurs sélections. Reste à savoir si cela aura l’effet escompté ou pas, à 48 heures du début des stages des sélections africaines (22-30 mars), au moment où la Confédérat­ion africaine de football, qui a décidé de maintenir les deux derniers matchs des éliminatoi­res de la CAN-2022 pour cette fin du mois de mars, n’a jusqu’ici fait aucun commentair­e, et encore moins pris des décisions.

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