A quoi sert le processus électoral mis en branle ?
Aquoi servira le processus électoral mis en branle qui prévoit des élections législatives anticipées le 12 juin suivies des municipales ? Un agenda électoral qui n'est rien d'autre qu'«un texte d'application» du dernier «amendement» de la Constitution qui a reproduit le système hyper-centralisé qui paralyse la nation depuis près de six décennies.
Le problème de l'Algérie est que, excepté le chef de l'Etat, les élus, qu'ils soient centraux ou locaux, n'ont aucun pouvoir. Avant de programmer des élections, il aurait été plus pertinent de mener au préalable de larges réflexions citoyennes sur une nécessaire réorganisation de l'Algérie au niveau des structures territoriales et de la répartition des pouvoirs à tous les échelons institutionnels. Les soixante ans de centralisme rentier et bureaucratique ont montré que l'Algérie ne pourra plus être gouvernée par le système actuel. Dans tout système démocratique, les suffrages universels sont certes incontournables, mais ils nécessitent au préalable de favoriser l'instauration d'un large dialogue citoyen sur les réformes du régime politique. La seule solution est la décentralisation pour rendre efficace la démocratisation du pays. La décentralisation et la bonne gouvernance au niveau local sont les seuls vecteurs d'un développement proche des citoyens et adapté à leurs besoins. La décentralisation doit concerner des domaines variés, allant de l'éducation à la santé, en passant par l'aménagement du territoire ou encore l'économie. Du point de vue institutionnel, le découpage territorial actuel ne correspond pas du tout aux réalités culturelles et économiques d'un vaste pays comme l'Algérie. La question de la gouvernance publique locale reste centrale. Les communes et les régions doivent être des piliers de l'ordre institutionnel. Les politiques publiques doivent mettre l'accent sur la diversité et l'autonomie des communes. Des réformes profondes doivent être menées pour consacrer la répartition des tâches, la péréquation financière et le renforcement des collaborations intercommunales, encourager les associations des communes... Les politiques nationales ont besoin d'être appliquées de manière décentralisée. Les représentants des institutions publiques locales connaissent mieux les besoins de développement sur le terrain et sont plus facilement accessibles aux citoyens. Ces derniers sont plus susceptibles de s'impliquer dans la résolution des problèmes qui se posent dans leur environnement immédiat.
Les pouvoirs de décision et la responsabilité des tâches publiques et des ressources financières nécessaires doivent être transférés à des structures étatiques décentralisées. Par conséquent, il est nécessaire de renforcer autant les formes décentralisées de bonne gouvernance que l'efficacité de la gestion financière, la transparence, la participation publique et la reddition des comptes. L'objectif ultime est de promouvoir le développement local. Les réformes doivent prévoir des mesures coordonnées pour transférer les pouvoirs et les ressources budgétaires et promouvoir une interaction harmonieuse entre les différents niveaux décisionnels. De telles réformes doivent être guidées par la nécessité de maintenir la plus grande proximité possible avec les citoyens et par des impératifs d'efficacité.