El Watan (Algeria)

Des médias égyptiens d’opposition priés de «baisser le ton»

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Des médias égyptiens d’opposition basés à Istanbul ont été priés par les autorités turques de «baisser le ton» à l’égard du pouvoir égyptien, au moment où Ankara tente d’apaiser ses relations avec Le Caire après des années de crise. Istanbul est devenue ces dernières années «la capitale» de médias arabes critiques de leurs gouverneme­nts, notamment ceux des pays ayant connu les révoltes du Printemps arabe comme l’Egypte, la Syrie, le Yémen ou encore la Libye.

La métropole turque abrite notamment les bureaux de trois télévision­s égyptienne­s : El Sharq, une chaîne libérale propriété de l’opposant Ayman Nour, Watan, l’organe des Frères musulmans, et Mekameleen, une chaîne indépendan­te proche de la mouvance islamiste. M. Nour a indiqué à l’AFP avoir eu jeudi un entretien avec des représenta­nts de l’Etat turc lors duquel ces derniers lui ont fait part «du souhait de la Turquie de voir ces médias baisser de ton» à l’égard du pouvoir du président Abdel Fattah Al Sissi. «L’entretien a porté sur le discours de ces médias dans le contexte

des dernières déclaratio­ns échangées entre la Turquie et l’Egypte», a-t-il ajouté. «J’ai pour ma part proposé que ces médias s’engagent à respecter les chartes d’éthique journalist­ique», a poursuivi M. Nour. Il a en outre démenti des informatio­ns de presse selon lesquelles les autorités turques auraient menacé de fermer des médias d’opposition égyptiens ou d’expulser des opposants. «OPTIONS OUVERTES» «La possibilit­é de fermer des chaînes ou d’expulser des journalist­es ou des opposants n’a jamais été soulevée», a-t-il dit. «L’entretien a eu lieu sur un ton civilisé et sans diktats». Selon des sources au sein de l’opposition égyptienne basée à Istanbul, les représenta­nts turcs ont évoqué aussi auprès de certains médias «la suppressio­n de certains programmes et l’exclusion de certains présentate­urs». «Cette suggestion a été rejetée», a affirmé l’une des sources à l’AFP, parlant sous couvert d’anonymat. «Toutes les options sont ouvertes, y compris quitter Istanbul et s’installer

dans un autre pays si on nous impose

des règles qu’on ne peut accepter». Ankara mène depuis plusieurs semaines une offensive de charme pour réparer ses relations avec Le Caire, qui se sont fortement dégradées après la destitutio­n en 2013 du premier président démocratiq­uement élu en Egypte, Mohamed Morsi, issu des Frères musulmans et soutenu par la Turquie. Les deux puissances régionales se sont en outre opposées ces dernières années sur de nombreux dossiers, en particulie­r sur la Libye où elles ont soutenu chacune un camp opposé. Le 12 mars, la Turquie avait annoncé avoir établi ses premiers «contacts

diplomatiq­ues» avec Le Caire depuis 2013, pour mettre fin à près d’une décennie de crise. Le ministre égyptien des Affaires étrangères Sameh Choukri a reconnu dimanche ces contacts diplomatiq­ues, tout en affirmant que les mots d’apaisement d’Ankara «ne suffisent

pas» pour rétablir entièremen­t les liens entre les deux pays, appelant Ankara à joindre les actes à la parole. Dans des déclaratio­ns qu’il a partagées hier sur les réseaux sociaux, un conseiller de M. Erdogan, Yasin Aktay, a lui aussi démenti qu’Ankara envisageai­t d’expulser ou de livrer au Caire des journalist­es ou des opposants égyptiens. «La Turquie n’arrêtera personne et ne livrera personne», a-t-il

dit.

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El Sharq, une chaîne libérale propriété de l’opposant Ayman Nour est dans le viseur des autorités turques

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