El Watan (Algeria)

Le danger des mines persiste dans les montagnes d’Ahnif

L Cette zone montagneus­e, minée pendant la décennie noire, demeure toujours un piège pour les citoyens qui la fréquenten­t.

- Omar Arbane

Les mines et engins explosifs laissés par les hordes terroriste­s dans la zone montagneus­e entre les trois communes d’Ahnif, Ath Rached et El Adjiba, à l’est et sud-est de la wilaya de Bouira, constituen­t une menace qui pèse sur la population locale. Des drames ont eu lieu dans le passé. Plusieurs personnes, grands et petits, civiles et militaires, ont laissé leurs vies, d’autres se sont vus amputer une ou deux jambes, ou perdu un organe à cause des explosifs enfouis sous terre. «Lors des années 1990, il était quasiment impossible de mettre les pieds dans cette région. Les villageois ont beaucoup souffert. Même avec l’améliorati­on des conditions sécuritair­es, le risque plane toujours. Lors des incendies qui ont ravagé les forêts de la région, nous avions entendu plusieurs explosions. Ce n’étaient que des mines dissimulée­s, il y a de longues années, qui avaient éclaté sous l’effet de la chaleur», dira un ex-élément des Groupes de légitime défense (GLD). Ainsi, depuis plusieurs années, rares sont les habitants des régions limitrophe­s qui osent s’aventurer à aller dans les forêts verdoyante­s de Tamellaht regorgeant de précieuses sources d’eau. Une eau utilisée pour alimenter les foyers des villageois qui attendent depuis des années des projets de raccordeme­nt au réseau d’eau potable. L’on se souvient encore du drame survenu en août 2018, lors de l’explosion d’une bombe au niveau de la localité de Tamezyabt, au sud d’Ahnif. Plusieurs victimes, tous des enfants âgés entre 10 et 16 ans. C’était lors d’une fin de journée chaude. Des enfants étaient en train de jouer au ballon et soudain les cris de joie des bambins changent en cris de détresse déchirants et des larmes. Bilan, un mort âgé de 10 ans et cinq blessés, dont deux grièvement atteints. L’un d’eux a été sauvé in extremis par les médecins. Il ne s’est remis sur un seul pied que récemment. Après le drame, les citoyens de la commune d’Ahnif ont décrété un deuil, les commerçant­s ont baissé rideau en signe de solidarité avec les victimes. Le lendemain, le jour de l’inhumation de l’enfant, une protestati­on populaire a eu lieu pour dénoncer l’insécurité et réclamer une opération de ratissage et de déminage de leur région. Toujours en 2018, au mois de mai, des jeunes villageois d’Ighil Nait Ameur, relevant de la commune d’Ahnif, ont failli périr. Alors qu’ils se rendaient sur les hauteurs de Tafarkout, l’un d’eux,

Abdelhak. S, pose un pied sur une mine qui explose. Evacué en urgence vers l’hôpital, la victime a miraculeus­ement survécu. Cependant, la décision des médecins soignants était alors prise. L’amputation de la partie basse de la jambe était inévitable. Malgré le danger persistant, certaines personnes, pour la plupart des jeunes, continuent à se rendre sur les dangereux sites. «C’est désolant ! On n’a pas su tirer les leçons de tout ce qui s’est passé. Ces jeunes exposent leur vie à un véritable danger», dira Ahcen, un activiste du mouvement associatif à Ahnif. Et d’ajouter que lors des travaux de réfection des conduites d’eau potable depuis les sources sises sur les hauteurs des monts de Tamellaht jusqu’aux foyers des villageois, les bénévoles avaient pris toutes leurs précaution­s. «Nous marchions en file indienne derrière notre guide, tout en laissant une distance entre nous. C’est ainsi qu’il faut procéder pour éviter de tomber sur un engin explosif».

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PHOTO : EL WATAN Pendant des années, les montagnes de Tamellaht étaient zone interdite

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