Nouvelle manifestation pro-démocratie contre la junte militaire
BIRMANIE
Des manifestants pro-démocratie ont organisé hier de nouveaux rassemblements contre la junte militaire qui a renversé Aung San Suu Kyi le 1er février dernier, rapportent des médias. D’après des correspondants de presse sur place, de nouveaux rassemblements ont été organisés à Mandalay (centre). Regroupés derrière des barricades de sacs de sable, les protestataires ont brandi une banderole noire, signée : «le paon combattant», un symbole utilisé lors du soulèvement populaire de 1988, puis par le parti d’Aung San Suu Kyi, la Ligue nationale pour la démocratie
(LND). «Qui a dit que nous devons abandonner à cause des armes de (la
junte)? Nous sommes nés pour la victoire», a tweeté Ei Thinzar Maung, un des leaders de la contestation. «Nous nous battrons jusqu’au bout», a écrit un autre protestataire. De plus, des médecins, enseignants, employés de banques ou des chemins de fer sont toujours en grève, paralysant une partie de la fragile économie du pays. «Le mouvement pro-démocratie maintient la junte dans l’incapacité d’exercer le pouvoir politique et administratif»,
relève l’Association d’assistance aux prisonniers politiques (AAPP). Selon des médias citant les services de secours, une personne a été tuée dans la nuit par les forces de sécurité dans la ville minière de Mogok (nord) et deux autres grièvement blessées. Dans la capitale Rangoun, la situation demeure très tendue et les deux millions d’habitants de la capitale économique sont soumis à la loi martiale. Certains quartiers ont sombré dans le chaos, avec des manifestants lançant des projectiles et des cocktails Molotov sur l’armée et la police, qui tirent à balles réelles, a-t-on fait savoir. Par ailleurs, les arrestations se poursuivent, notamment chez les grévistes, les membres de la LND et les journalistes. Un correspondant birman du service local de la BBC, Aung Thura, a été arrêté vendredi par des hommes non identifiés. Plus de 30 journalistes ont été interpellés depuis le putsch, dont un photographe de l’agence de presse américaine Associated Press. «Le meurtre de manifestants pacifiques et les arrestations arbitraires, y compris
de journalistes, sont tout à fait inacceptables», a tweeté hier le secrétaire
général de l’ONU, Antonio Guterres. «Une réponse internationale ferme et
unifiée est nécessaire de toute urgence», a-t-il indiqué. Aung San Suu Kyi, 75 ans, est mise au secret par l’armée depuis 48 jours. Elle fait face à des accusations de «corruption» et est inculpée de plusieurs autres infractions. Si elle est reconnue coupable, elle pourrait être condamnée à de longues années de prison et être bannie de la politique.