Washington rassuré par la vision de New Delhi dans la région
l Les relations entre les Etats-Unis et l’Inde se sont renforcées ces dernières années, avec les craintes communes vis-à-vis de la Chine l En 2016, les Etats-Unis ont désigné l’Inde «partenaire de défense majeur».
Le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, a relevé, hier à l’occasion de sa visite en Inde, «l’engagement croissant» de New Delhi, avec des «partenaires sur la même longueur d’onde», rapporte l’AFP.
Arrivé tard vendredi à New Delhi, L. Austin a aussitôt rencontré le Premier ministre, Narendra Modi, et le conseiller national à la Sécurité, Ajit Doval. Le chef du Pentagone «a loué le rôle de leader de l’Inde dans la région indo-pacifique et son engagement croissant avec des partenaires sur la même longueur d’onde dans la région pour défendre des objectifs communs», a déclaré le porte-parole du Pentagone John Kirby. De son côté, N. Modi a tweeté que «l’Inde et les Etats-Unis sont engagés dans un partenariat stratégique qui est une force pour le bien de la planète». Samedi, L. Austin a rencontré le ministre de la Défense, Rajnath Singh, qui a qualifié l’entretien de «détaillé et fructueux», assurant que la coopération militaire entre les deux pays serait «l’un des partenariats clés du XXIe siècle». De son côté, L. Austin a déclaré que «l’Inde est le pilier de notre approche dans la région», saluant les «valeurs partagées et les intérêts stratégiques convergents» des deux pays.
Les relations entre les Etats-Unis et l’Inde se sont renforcées ces dernières années, avec les craintes communes vis-à-vis de la Chine. En 2016, les Etats-Unis ont désigné l’Inde «partenaire de défense majeur». Des groupes américains ont signé des accords de plusieurs milliards de dollars pour fournir du matériel militaire dans le cadre de la modernisation des forces armées indiennes, qui prévoient d’y engager quelque 250 milliards de dollars. La Russie reste cependant le plus grand fournisseur d’armement de l’Inde. Le Premier ministre indien a conclu, en 2018 avec le président russe Vladimir Poutine, un accord de 5,4 milliards de dollars pour l’achat du système de défense antimissile S-400 de Moscou. L’accord tombe sous le coup d’un embargo américain sur les ventes d’armes russes et l’Inde négocie depuis des années pour éviter les sanctions, comme cela s’est produit avec la Turquie, alliée de l’OTAN, lorsqu’elle a commandé le S-400. M. Austin a admis que le risque de sanctions existe. «Nous demandons à nos alliés (...) d’éviter le genre d’acquisitions qui pourraient déclencher des sanctions», a-t-il déclaré. «Il n’y a eu aucune livraison de système S-400.» Et d’ajouter : «La question des sanctions n’a pas été abordée.»
La visite du chef du Pentagone intervient après les premiers entretiens qui se sont tenus jeudi entre le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, et de hauts responsables chinois en Alaska. Rencontre marquée par la guerre des mots entre les deus parties. «Nous allons discuter de nos profondes inquiétudes au sujet des actes de la Chine s’agissant du Xinjiang», où Washington accuse Pékin de «génocide» contre les musulmans ouïghours, «de Hong Kong, de Taïwan, des cyberattaques contre les EtatsUnis et de la coercition économique contre nos alliés», a soutenu le chef de la diplomatie américaine face à ses interlocuteurs. «Chacun de ces actes menace l’ordre fondé sur des règles garantissant la stabilité mondiale», a-t-il affirmé. «C’est pourquoi, il ne s’agit pas seulement de questions intérieures». Le plus haut responsable du Parti communiste chinois pour la diplomatie, Yang Jiechi, a rétorqué que «la Chine est fermement opposée aux ingérences américaines dans les affaires intérieures de la Chine». «Nous prendrons des mesures fermes en réponse.» A son tour, le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, a dénoncé les dernières sanctions américaines, annoncées à la veille de cette réunion contre la reprise en main de Hong Kong par Pékin. «Ce n’est pas comme cela que l’on accueille ses invités», a-t-il indiqué. Yang Jiechi a appelé à «abandonner la mentalité de guerre froide», affirmant aussi ne vouloir «ni confrontation ni conflit».Il a reproché aux Etats-Unis de vouloir «imposer leur propre démocratie dans le reste du monde».
La nouvelle administration américaine voit en la Chine le principal rival en ce siècle. Le 3 mars, le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, a qualifié l’Empire du Milieu de «plus grand défi géopolitique du XXIe siècle» et en priorité de la politique étrangère de Joe Biden. «Plusieurs pays représentent des défis importants pour nous, dont la Russie, l’Iran ou la Corée du Nord», a-t-il déclaré lors de son discours de politique étrangère. «Le défi posé par la Chine est différent. La Chine est le seul pays avec la puissance économique, diplomatique, militaire et technologique susceptible d’ébranler sérieusement le système international stable et ouvert, toutes les règles, valeurs et relations qui rendent le monde tel que nous voulons qu’il soit», a-t-il ajouté. Le 12, s’est tenu le sommet par vidéoconférence du Dialogue quadrilatéral pour la sécurité (Quad), l’alliance née dans les années 2000, qui regroupe les Etats-Unis, le Japon, l’Inde et l’Australie. Suit une offensive diplomatique entamée lundi par Antony Blinken et Lloyd Austin avec une visite au Japon.
Dans une déclaration commune publiée mardi avec leurs homologues japonais Toshimitsu Motegi et Nobuo Kishi, ils ont indiqué que «le comportement de la Chine, lorsqu’il est incompatible avec l’ordre international existant, présente des défis politiques, économiques, militaires et technologiques». «Les ministres se sont engagés à s’opposer à la coercition et aux comportements déstabilisateurs à l’égard des autres pays de la région», selon le texte. La Chine «érode systématiquement l’autonomie de Hong Kong, mine la démocratie à Taïwan, viole les droits de l’homme dans le Xinjiang et au Tibet et revendique des zones maritimes en mer de Chine méridionale en violation de traités internationaux», a déclaré A. Blinken à cette occasion lors d’une conférence de presse commune. Mercredi, les deux hauts responsables américains se sont rendus en Corée du Sud, autre allié régional des Etats-unis.