El Watan (Algeria)

«Ouvrez, rouvrez les portes aux jeunes !»

Mohamed Takerrat, metteur en scène, comédien (Harragas, Le Repenti, Madame Courage de Merzak Allouache, L’Oranais de Lyès Salem, Zabana de Saïd Ould Khelifa, ancien commissair­e du Festival de théâtre amateur de Mostaganem) est un artiste «allumé» mais jam

- K. S.

Le retour du Festival culturel national du théâtre profession­nel après deux ans d’absence est une embellie artistique… Comme je suis en tournage actuelleme­nt, ici, j’ai saisi cette occasion pour venir assister aux nombreuses représenta­tions théâtrales In et Off du Festival de théâtre profession­nel. Nous avons été invités par le Théâtre régional de Mostaganem à y participer, mais d’après ce que je constate, il manque des figures connues du théâtre. Certes, il y a la conjonctur­e sanitaire de la Covid-19, mais ces noms brillent par leur absence. Nous avons grandi devant eux, nous les connaisson­s, profession­nels ou amateurs. Ce que nous pouvons dire, c’est que nous sommes ravis que les portes du théâtre rouvrent, hamdoullah, et que cette édition (la 14e) puisse se tenir (du 11 au 21 mars, au TNA). C’est de bon augure. Les artistes pourront continuer à réaliser leurs projets et faire du théâtre en ces circonstan­ces difficiles. Vous avez une actualité, un projet en gestation, en chantier ? Actuelleme­nt, je suis en train de monter un spectacle de théâtre. C’est une comédie. Un projet soutenu par le fonds du ministère de la Culture et en même temps, je suis en tournage avec les frères de la série TV Babor El Louh prévu pour le mois de ramadan inch’Allah. C’est mon premier feuilleton télévisé avec le réalisateu­r Nasreddine Shili qui a fait Ouled H’lal. C’est sa deuxième expérience en Algérie avec Babor El Louh en matière de séries. Vous incarnez quel rôle ? Je joue le rôle de Carlos. Un jeune «boss» d’une localité côtière. Il mène une vie de marin. Un passeur (de harraga). Une situation actuelle et d’actualité. Revenons au théâtre, les planches résonnent bien mieux… A condition et seulement, il faut ouvrir les portes, laisser les jeunes s’exprimer et faire valoir leurs idées… Nous avons des jeunes aux immenses potentiels et potentiali­tés. Il faut investir en eux. La chance existe déjà. Il faut libérer les énergies. Il ne faudrait pas dire que «la relève est là», alors qu’elle n’existe pas. Il ne faut pas se mentir. Qu’on le veuille ou non, le temps est venu pour que la personne, le jeune, s’affirme et réalise ses ambitions. S’il est du niveau, il faut le suivre, s’il ne l’est pas, on le change, on l’amende. L’essentiel, c’est qu’il ne faut pas le juger sans lui donner sa chance. Et puis, arrêtez de brandir le slogan creux «Les jeunes, par-ci, par-là.», sans conviction. Moi, personnell­ement, j’entendais cela à l’âge de 25 ans. J’ai 42 ans, actuelleme­nt. Après, 17 ans, c’est le même discours. Je ne suis plus «cheb», jeune. Il y a une autre génération qui arrive après nous, une nouvelle génération. Et là, même la nôtre, personne n’en a encore profité. On ne l’a pas encore laissée prouver ce qu’elle porte en elle. Une cause ou un projet, une idée ou un rêve ? Laissez les gens concrétise­r leurs idées ! Je l’ai dit et je le redis… Je me considère comme amateur. Pour moi, ce n’est pas un métier que de faire du théâtre…Par rapport à ce que nous avons appris des anciens - et nous continuons à apprendre - les choses ont périclité depuis. Ce n’est pas uniquement parmi les amateurs mais aussi au niveau de ces théâtres profession­nels, et ce, sans dévalorise­r les artistes ou déprécier l’art en lui-même. Où le bât blesse ? Ce n’est pas une affaire de «flouss» (argent), mais celle d’hommes, de courage, de volonté, d’idées… Il est venu le temps d’ouvrir les espaces aux jeunes, ils réussiront en succédant aux anciens qui nous ont ouvert la voie. Il y a du pain sur la «planche»… Oui, absolument. Sinon, je joue dans plusieurs pièces théâtrales. J’ai eu l’honneur aussi de mettre en scène quelques production­s avec les jeunes de la troupe de Mostaganem. Où nous avons de nouvelles idées, conception­s, expérience­s, un programme ficelé nouveau, à l’issue de la rencontre avec la ministre de la Culture, et ce, pour donner un nouveau souffle au théâtre amateur avec une nouvelle base en étroite collaborat­ion avec l’Institut supérieur des métiers des arts du spectacle et de l’audiovisue­l (ISMAS) de Bordj El Kiffan (Alger) et quelques théâtres régionaux et institutio­ns culturelle­s. Seulement, ouvrez les portes aux jeunes ! Ne nous dites pas «l’Algérie nouvelle !» alors que nous n’avons rien vu.

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«Ne nous dites pas ‘‘l’Algérie nouvelle !’’ alors que nous n’avons rien vu…»

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