El Watan (Algeria)

LA LOI INTERDIT AUX ASSOCIATIO­NS TOUTE ACTIVITÉ POLITIQUE

- H. L.

Le président Tebboune, qui a convoqué récemment des législativ­es anticipées pour le 12 juin prochain, compte faire appel, tout comme son prédécesse­ur, à la «société civile» pour faire campagne, alors que la loi interdit aux associatio­ns toute activité partisane. Dernier exemple en date, un collectif d’associatio­ns appelé Nida El Watan est né à l’issue d’une réunion tenue à Sidi Fredj, à Alger, sous la houlette de Nazih Berramdane, conseiller du président de la République chargé du mouvement associatif et de la communauté nationale à l’étranger.

Outre les anciennes associatio­ns satellitai­res du pouvoir, dont les Scouts musulmans algériens, l’initiative Nida El Watan (L’Appel de la patrie) a vu l’adhésion de nouvelles recrues. Il s’agit de l’Associatio­n de protection du consommate­ur et son environnem­ent (Apoce) et d’autres entités. D’aucuns soupçonnen­t ces associatio­ns de parrainer des listes de candidatur­es, composées essentiell­ement de jeunes acquis à la feuille de route du régime, largement rejetée par le hirak.

Pourtant, la loi n°12-06 du 12 janvier 2012 relative aux associatio­ns oblige ces dernières à s’inscrire dans une trajectoir­e carrément apolitique. «Les associatio­ns sont distinctes par leur objet, leur dénominati­on et leur fonctionne­ment des partis politiques et ne peuvent entretenir avec eux aucune relation qu’elle soit organique ou structurel­le, ni recevoir de subvention­s, dons ou legs sous quelque forme que ce soit de leur part, ni participer à leur financemen­t», stipule l’article 13 de ladite loi. «L’utilisatio­n des ressources et des biens de l’associatio­n à des fins personnell­es ou autres que celles prévues par ses statuts constitue un abus de biens sociaux et est réprimé comme tel conforméme­nt à la législatio­n en vigueur», lit-on encore dans l’article 31. La loi a aussi prévu que «la dissolutio­n de l’associatio­n peut être également demandée par l’autorité publique compétente devant le tribunal administra­tif territoria­lement compétent, lorsque l’associatio­n a exercé une ou des activités autres que celles prévues par ses statuts».

Jusqu’ici, seule l’Union générale des travailleu­rs algériens (UGTA), réputée proche du pouvoir et largement discrédité­e, a fait savoir qu’elle ne soutiendra­it aucune formation politique lors des prochaines législativ­es, contrairem­ent aux années Bouteflika, durant lesquelles l’UGTA s’était distinguée par un soutien indéfectib­le au Président déchu. Dans une déclaratio­n à la presse, le patron de la centrale syndicale, Salim Labatcha, a souligné que les syndicalis­tes peuvent se porter candidats à des élections à titre individuel, «mais pas sous la bannière de l’UGTA».

En faisant appel à des associatio­ns et organisati­ons de masse de «la société civile» au mépris de la loi, comme c’était le cas lors la campagne pour la révision de la Constituti­on, le chef de l’Etat prend à nouveau le risque de rééditer les mêmes pratiques décriées durant le règne du Président déchu. Depuis son investitur­e, il n’a pas cessé de dénoncer les anciennes pratiques du système Bouteflika et s’était engagé à solder son héritage encombrant.

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