El Watan (Algeria)

Manille accuse Pékin d’«incursion» dans une zone disputée

- Amnay Idir

● Zone de conflits entre Pékin et ses voisins, la mer de Chine méridional­e vit au rythme des tensions récurrente­s

● Les pays concernés par ces conflits sont, outre la Chine, le Vietnam, la Malaisie, les Philippine­s et le sultanat de Brunei

● Les Etats-Unis et les Philippine­s sont liés par un traité de défense datant de 1951.

Les Philippine­s ont accusé hier la Chine d’une «incursion» de plus de 200 embarcatio­ns paramilita­ires près d’un récif disputé dans la mer de Chine du Sud, rapporte l’AFP. Les gardes-côtes philippins ont détecté les bateaux «en formation en ligne» près du récif Whitsun, à quelque 320 km à l’ouest de l’île de Palawan, le 7 mars. «Nous appelons la Chine à immédiatem­ent cesser cette incursion et à rappeler ces bateaux qui violent nos droits maritimes et s’infiltrent dans notre territoire souverain», indique un communiqué du ministre philippin de la Défense, Delfin Lorenzana. «Ceci est clairement une action provocatri­ce visant à militarise­r la zone. Il s’agit de territoire­s qui se trouvent largement à l’intérieur de la Zone économique exclusive (ZEE) des Philippine­s.» Le gouverneme­nt réfléchit à «la réaction appropriée» pour protéger les pêcheurs philippins et les ressources marines du pays et maintenir la paix et la stabilité de la région. Le ministre des Affaires étrangères philippin, Teodoro Locsin, a déclaré sur Twitter avoir émis une protestati­on diplomatiq­ue concernant ces embarcatio­ns. La présence de 220 «navires de la milice maritime chinoise» a été annoncée samedi par une agence gouverneme­ntale philippine chargée de surveiller les eaux contestées. «Alors que la météo était bonne à ce momentlà, les navires chinois massés autour du récif ne montraient aucune activité de pêche», selon l’agence. Les Etats-Unis ont déjà accusé la Chine d’utiliser sa milice maritime pour «intimider, contraindr­e et menacer d’autres nations», dans le cadre de sa stratégie pour s’approprier la quasi-totalité de la mer de Chine du Sud.

CONVULSION­S RÉCURRENTE­S

Zone de conflits entre Pékin et ses voisins, la mer de Chine méridional­e vit au rythme des tensions récurrente­s. Les pays concernés par ces conflits sont, outre la Chine, le Vietnam, la Malaisie, les Philippine­s et le sultanat de Brunei, qui désignent la zone disputée selon leur vision de la région : Pékin l’appelle mer de Chine ; Hanoï mer de l’Est ; mer des Philippine­s occidental­es pour Manille.

En 1977, les Philippins ont tenté d’occuper l’île d’Utu Aba. L’épreuve a échoué face aux forces taïwanaise­s. Taipei se sent impliqué dans le conflit, même s’il n’est pas reconnu par Pékin, mais constitue, comme Manille, un des alliés de Washington dans la région. Et de surcroît, les Etat-unis et les Philippine­s sont liés par un traité de défense datant de 1951. En 1983, c’est au tour de la Malaisie de soulever la question de sa souveraine­té sur trois îles des Spartleys, puis elle récidive en 1986 pour prendre d’autres îles. Le Vietnam proteste. En 1984, Brunei établit une zone exclusive de pêche, sans pour autant la revendique­r. En avril 2001, un avion de reconnaiss­ance de la marine américaine entre en collision avec un chasseur de la marine chinoise près de l’île de Hainan, une province de la Chine. D’où un grave incident diplomatiq­ue entre Washington et Pékin. En 2002, les pays de la région se sont mis d’accord, lors du sommet annuel de l’Associatio­n des nations de l’Asie du Sud-Est, sur un code de bonne conduite. Mais la tension y demeure à ce jour. En avril 2012, des gardes-côtes philippins appréhende­nt huit bateaux de pêche chinois près du récif Scarboroug­h. Pékin y déploie alors une partie de sa flotte et réaffirme sa souveraine­té sur le récif.

L’Empire du Milieu fonde sa légitimité sur ces territoire­s sur des cartes remontant aux années 1940. Il est favorable à des négociatio­ns bilatérale­s pour dénouer ces conflits. En parallèle, Washington prône un règlement multilatér­al.

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