DES ÉLECTIONS SANS L’OPPOSITION ?
■ Il est fort à parier que les élections du 12 juin se dérouleront sans les partis de l’opposition, du moins, une bonne partie d’entre eux. Des formations politiques qui sont restées globalement jusqu’à présent sur une position «pro-hirak».
● A ce rythme, il est fort à parier que les élections du 12 juin se dérouleront sans les partis de l’opposition, du moins une bonne partie d’entre eux
● Des formations politiques qui sont restées jusqu’à aujourd’hui globalement sur une position «pro-hirak».
Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) a décidé de boycotter les élections législatives du 12 juin prochain. C’est la deuxième formation politique, en l’espace de quelques jours, après le Parti des travailleurs (PT), qui se prononce pour le rejet de ce rendez-vous électoral, estimant globalement que les conditions ne s’y prêtent pas. «C’est sur ce fond fait de répression, de maintien en prison de détenus d’opinion, de restriction des libertés individuelles et collectives, de la pauvreté, des inégalités croissantes imposées à notre peuple par un régime prédateur, qui sont intolérables, et la régression économique et sociale, que le pouvoir en place, disqualifié à deux reprises par un boycott massif et historique des urnes, s’apprête à jouer une nouvelle tragi-comédie électorale le 12 juin prochain»,a déclaré, samedi, le leader du RCD, Mohcine Belabbas.
Il est fort à parier que d’autres partis politiques suivront aussi la même voie, notamment ceux qui sont membres du Pacte pour l’alternative démocratique (PAD).
Bien entendu, beaucoup d’entre eux vont se prononcer officiellement dans les jours à venir. C’est le cas, entre autres, du Front des forces socialistes (FFS), qui a prévu de tenir une session extraordinaire de son conseil national début avril, pour se positionner par rapport à sa participation ou non à cette échéance électorale. Néanmoins, l’un des membres de son instance présidentielle, Hakim Belahcel, a estimé, dans l’entretien paru dans l’édition d’hier de notre journal, que «les échéances électorales ne peuvent constituer à elles seules, dans un contexte politique, économique et social instable, la voie de sortie de crise». «Cette crise doit passer par une solution politique consensuelle entre tous les acteurs politiques, sans exclusive», a-t-il encore ajouté. Et de préciser qu’il revient au conseil national «d’arrêter la décision du parti en toute autonomie et responsabilité». Des propos qui peuvent suggérer que le parti pourrait, fort bien, lui aussi opter pour le boycott. En tout cas, à ce rythme, il est fort à parier que les élections du 12 juin se dérouleront sans les partis de l’opposition, du moins une bonne partie d’entre eux. Des formations politiques qui sont restées jusqu’à aujourd’hui globalement sur une position «pro-hirak».
PROBLÈME DE LÉGITIMITÉ
Ce qui va irrémédiablement poser un problème de «légitimité» pour la future Assemblée. Ceci sans compter le fait qu’il est possible que les Algériens se retrouvent avec la même configuration à l’APN, avec la majorité habituelle, même si tout a été fait pour encourager les listes indépendantes. Un scénario plausible dans la mesure où il est probable que ces élections législatives connaissent la même désaffection populaire que le référendum sur la Constitution du 1er novembre dernier, qui, rappelons-le, n’a enregistré qu’un taux de participation de 23,7%, même si au vu de l’enjeu des législatives, certains politiques s’attendent à un taux un peu plus élevé. Dans tous les cas de figure, dans le contexte actuel, marqué par une crise qui secoue le pays depuis plus de deux ans, plusieurs chefs de parti estiment qu’organiser une élection dans ces conditions ne ferait que compliquer davantage la situation. Sortir d’une Assemblée «illégitime» pour aller vers une autre qui aura également un déficit en la matière n’est pas la meilleure des options. A moins que les autorités misent sur les listes indépendantes, entre autres, et l’arrivée de nouvelles figures à l’Assemblée pour que cette dernière gagne en légitimité…