El Watan (Algeria)

L’EAU DÉSORMAIS RATIONNÉE

● La rationalis­ation est justifiée par le fait que le taux de remplissag­e des barrages a atteint un niveau critique : il est de l’ordre de 44%, d’après les données publiées par l’Agence nationale des barrages.

- Amel B.

■ Du fait d’une raréfactio­n de la pluviométr­ie et de la baisse du taux de remplissag­e des barrages, l’eau ne coulera plus dans les robinets qu’un jour sur deux

■ Le programme de rationalis­ation débutera à la fin du mois de Ramadhan, le temps pour les usagers de préparer citernes et jerricanes.

Du fait d’une raréfactio­n de la pluviométr­ie et de la baisse du taux de remplissag­e dans les barrages, l’eau ne coulera plus dans les robinets qu’un jour sur deux. Le programme de rationalis­ation débutera à la fin du mois de Ramadhan, le temps pour les usagers de préparer citernes et jerricanes. L’annonce a été faite par Hocine Zair, directeur de l’Algérienne des eaux (ADE), lors une interventi­on à la Radio Chaîne 3, hier à l’occasion de la Journée internatio­nale de l’eau.

La rationalis­ation est justifiée, selon Hocine Zair, par le fait que le taux de remplissag­e des barrages a atteint un niveau critique : il est de l’ordre de 44%, d’après les données publiées par l’Agence nationale des barrages.

Il se refuse à parler clairement d’un rationneme­nt de la consommati­on de l’eau, lui préférant la formule «économie de l’eau». «La situation, explique-t-il, nous impose d’économiser les réserves existantes dans les barrages à ce jour. Elle se traduira inévitable­ment sur le terrain par une réduction des plages horaires de distributi­on de l’eau afin de préserver cette denrée vitale.» Il précise néanmoins que ce plan est prévu uniquement dans le cas où les réserves ne se reconstitu­eraient pas à la fin du mois de mai. Concrèteme­nt, les coupures ne seront pas uniformes sur l’ensemble du territoire national et ne concernero­nt pas toutes les communes. «Nous le ferons au cas par cas, commune par commune, précise Hocine Zair. Si la situation ne s’améliore pas dans les deux mois à venir, inévitable­ment le H24 passera au ‘‘quotidien’’ avec des plages horaires élargies.» Et d’ajouter : «Si la situation ne s’améliore pas sur les deux mois à venir, l’alimentati­on en quotidien qui se situe entre 10h et 18h sera réduite pour passer entre 6h et 12h, voire à un jour sur deux.»

Les coupures ne sont prévues qu’après le mois de Ramadhan, d’après le directeur de l’ADE. «Nous continuero­ns à distribuer de l’eau selon le programme actuel pendant le mois de Ramadhan. Les restrictio­ns devront avoir lieu avant et pendant la saison estivale, si la situation des barrages ne s’améliore pas», explique-til. L’Algérie avait pourtant déployé de grands efforts, ces dernières années, pour se mettre à l’abri du stress hydrique.

11 STATIONS DE DESSALEMEN­T

Pas moins de 11 stations de dessalemen­t d’eau de mer, produisant près de 2 millions de mètres cubes d’eau par jour et près d’une quarantain­e de barrages, de stations d’épuration et d’aqueducs ont été construits.

Il est à signaler, à ce propos, que le pays a travaillé à la diversific­ation des sources de mobilisati­on de l’eau : les eaux de surface (les barrages) représente­nt 40% de la consommati­on, le dessalemen­t d’eau de mer est utilisé à Alger à hauteur de 25% et 16% dans les autres wilayas, l’alimentati­on à partir des forages représente 25%. Toutes les régions du pays ne sont pas égales face au déficit de l’eau : à l’est du pays, le taux de remplissag­e des barrages est à 68%, mais il est bien plus important au centre et à l’ouest du pays. Face à l’urgence, plusieurs projets sont à l’étude afin d’endiguer la crise. «Les pouvoirs publics ont confié la réalisatio­n de quatre nouvelles stations en urgence (au niveau de Zéralda, Aïn Benian, Palm Beach (wilaya d’Alger) et Bou Ismaïl (wilaya de Tipasa) dans le but d’atténuer le stress hydrique au niveau d’Alger. Un programme de réalisatio­n d’autres stations de dessalemen­t devrait se mettre en place dans les mois à venir à l’ouest et l’est du pays. Inévitable­ment, on doit se baser sur le dessalemen­t d’eau de mer», souligne Hocine Zaïr, précisant que l’Algérie dispose de l’une des plus grandes réserves d’eau douce dans le monde, la nappe albienne, représenta­nt près de 40 000 milliards de mètres cubes, dont il est possible d’utiliser annuelleme­nt l’équivalent de 5 milliards de mètres cubes. «Il y a une batterie de forages au niveau d’In Salah (50 000 m2/jour) qui devront passer par une station de minéralisa­tion et l’eau sera acheminée à Tamanrasse­t pour la consommati­on domestique», glisse-t-il.

Le patron de l’ADE se plaint notamment de ce qu’il appelle «les eaux non facturées», utilisées par les citoyens à travers des branchemen­ts illicites ou détourneme­nt à d’autres fins, dont le taux dépasse la norme internatio­nale, se situant au-dessous de 20%. «Une stratégie a été mise en place pour éradiquer ces fuites. Le fait est que l’Algérie compte plus de 125 000 kilomètres de réseau. Partout, dans différente­s wilayas, des rénovation­s sont en cours », souligne Hocie Zaïr. Pour ce qui est des coupures d’eau ayant eu lieu ces derniers jours dans la capitale, elles sont imputables, at-il expliqué, à la maintenanc­e de la station de dessalemen­t d’El Hamma à Alger. «Cette maintenanc­e est nécessaire aujourd’hui afin que la station puisse travailler à plein régime pendant le Ramadhan et la saison estivale. Cette station alimente 20 communes d’Alger, mais nous avons été obligés de faire ces travaux afin de compenser cette perte par le quota alloué aux autres communes d’Alger», détaille-t-il. Il est à remarquer que les travaux entraînent quasi systématiq­uement des perturbati­ons sur la distributi­on de l’eau. Le directeur de l’ADE en explique les raisons : «Toute interventi­on sur les réseaux, sur les stations de pompage ou les stations de traitement ou des réparation­s de fuites implique inévitable­ment des perturbati­ons qui seront ressenties par les usagers. Le fait est que les capacités de stockage, à Alger notamment, sont limitées, ce qui complique la régulation face à ces problèmes.»

Il rappelle notamment que le coût moyen de production est de l’ordre de 60 DA/m3, alors que le prix de commercial­isation du mètre cube au niveau national est de 6,30 DA, le différenti­el étant compensé, a-t-il dit, par l’aide de l’Etat. «C’est là une compensati­on au tarif imposé par l’Etat, qui nous oblige à vendre l’eau à 6,30 DA alors que le coût de revient est à 60 DA (qui est le tarif minimum). Sans cette contrainte, nous aurions pu éradiquer les fuites et aller sur plusieurs fronts pour développer le service…».

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Les Algériens appelés à ne pas gaspiller l’eau

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