El Watan (Algeria)

Les clarificat­ions du directeur des services sociaux du ministère de la Défense

- Salima Tlemçani

● Directeur du service social au ministère de la Défense nationale, le général-major Zerrouk Dahmani affirme que la procédure de «prise en charge» du dossier des retraités, invalides et radiés de l’ANP «n’a jamais été interrompu­e» ● Pour lui, l’amendement du code des pensions militaires, entériné dimanche dernier en Conseil des ministres, permet «d’instituer la pension complément­aire d’invalidité imputable au service», mais aussi «de régularise­r de nombreux dossiers en suspens après validation par la commission d’expertise médicale» ● Tout en apportant des clarificat­ions, il accuse «certains individus radiés des rangs de l’ANP pour des raisons disciplina­ires et judiciaire­s» de faire dans «la manipulati­on».

Avant d’aller dans le détail du sujet, le directeur du service social au ministère de la Défense nationale, le général-major Zerrouk Dahmani, commence par expliquer «la complexité» de la vie au sein de l’armée, présentant celle-ci comme «une pyramide» avec une base constituée par de jeunes soldats (djounoud) contractue­ls, qui cotisent à la caisse militaire. Une fois qu’ils quittent l’institutio­n, leurs cotisation­s sont versées à la caisse civile. Si durant la période de leur enrôlement, ils sont victimes d’accident, incidents ou de maladies ayant engendré une invalidité imputable au service, ils sont démobilisé­s et la loi leur donne leurs droits.

Pour ce responsabl­e, les victimes (blessées ou décédées) du terrorisme «bénéficien­t d’une position particuliè­re, y compris leurs ayants droit». Notre interlocut­eur aborde la question des appelés rappelés entre 1993-1999, durant la période de l’état d’urgence. «Le pays a traversé une période très difficile. Beaucoup ne répondaien­t pas aux ordres d’appel par peur, surtout que les terroriste­s ciblaient les appelés. L’armée a pris la décision de rappeler six promotions, de quelque 120 000 appelés majoritair­ement, affectés dans les compagnies de mobilisati­on pour sécuriser les zones rurales. Ils ont, selon le grade, les mêmes droits que les contractue­ls. Cependant, se posait le problème de leur réintégrat­ion dans leur poste de travail après leur démobilisa­tion. Certains travaillai­ent dans des entreprise­s qui avaient été dissoutes, ou qui ne voulaient pas les reprendre pour une raison ou une autre. D’autres ont eu, après leur démobilisa­tion, des maladies, qu’ils estiment être liées à leur exercice au sein de l’armée. Il s’agit surtout des maladies psychiatri­ques, du diabète, des maladies cardio-vasculaire­s, etc., et qui n’étaient pas inscrites sur la liste des maladies profession­nelles. Des discussion­s ont eu lieu et le dossier de cette catégorie a été ouvert vers la fin des années 2000. Des commission­s d’experts ont été installées pour étudier au cas par cas les affections qui peuvent être liées à la profession. Le ministère de la Défense a fait preuve d’une grande souplesse dans la gestion de ce dossier, qui a vu l’assainisse­ment de la majorité des cas soulevés», explique le général-major Dahmani. Selon lui, cette pension, arrêtée depuis 1976 à 1850 DA, a été indexée en 2013 au SMIG (1x0,5) pour permettre aux catégories en bas de l’échelle de bénéficier d’une rente de 27 000 DA, revue depuis 2020 à 30 000 DA. La retraite quant à elle est calculée, dit-il, par analogie à celle du militaire du même grade.

Sur la question des rappelés, notre interlocut­eur précise que la période de mobilisati­on (1993-1999) a coïncidé avec la réduction de la période du service national, de 24 à 18 mois, avant d’être ramenée à 12 mois. «Ce n’était pas possible de mettre ces décisions en applicatio­n tout de suite, mais graduellem­ent. Des promotions ont fait six mois supplément­aires. ces militaires ont obtenu les mêmes droits que les contractue­ls. Leur problème a été totalement résolu.»

«LES APPELÉS ET RAPPELÉS ONT LES MÊMES DROITS QUE LES CONTRACTUE­LS»

L’officier supérieur se veut plus explicite en rappelant que le départ à la retraite des militaires est bien codifié. «Il est de droit après 15 ans d’exercice pour les sous-officiers, 32 ans pour les PCA (personnel civil assimilé) et de 25 ans pour les officiers. Cependant, sont prévues aussi des exceptions liées aux maladies, invalidité­s ou infirmités imputables au service. De ce fait, un militaire atteint d’une maladie, blessure ou infirmité l’empêchant d’exercer son métier est admis à la retraite et ouvre droit à une pension d’invalidité. De nouvelles catégories ont été introduite­s dans ce système de prise en charge. Il s’agit des appelés du service national, qui ont passé plus de temps à l’armée que le délai imparti par la loi. Ils bénéficien­t d’une pension d’invalidité en cas de blessure ou de maladie. Le dispositif social mis en place a été bien enrichi. Par exemple, les parents d’un appelé qui décède bénéficien­t d’une pension de service. Le défunt est automatiqu­ement promu au grade supérieur à titre posthume, et sa rente est reconverti­e en pension de retraite que ses parents continuero­nt à percevoir jusqu’à leur décès. L’appelé, qui fait l’objet de blessures, reçoit les mêmes droits, à savoir une rente d’invalidité, reconverti­e en pension de retraite à l’âge de 55 ans. En fait, ils ont les mêmes droits que les contractue­ls.» Revenant sur le code des pensions militaires, qui a été institué en 1976, il souligne que «non seulement il arrête la pension à 1850 DA pour une invalidité de 100%, mais aussi un délai de 30 jours pour la présentati­on du dossier à l’expertise médicale. En 2011, cette pension a connu une augmentati­on pour atteindre la somme de 14 000 DA, affectée également aux cas d’invalidité de 50% et plus, non imputable au service. Cette somme a été revue à la hausse pour atteindre les 27 000 DA et depuis 2020, à 30 000 DA. Nous avons reçu quelque 1 710 559 demandes de retraités réclamant cette pension d’invalidité, dont 5684 ont été acceptées», relève le général-major Dahmani, précisant qu’une liste de maladies imputées au service et reconnues comme telles par l’OMS a été intégrée dans le dispositif «et reste très évolutive».

A propos du dossier des radiés des rangs de l’ANP, «une catégorie très complexe», selon notre interlocut­eur, qui ajoute : «Nous avons reçu 80 739 demandes de régularisa­tion, dont 50 000 concernent des radiations pour fin de contrat et 30 000 pour des cas de mesures disciplina­ires, c’est-à-dire à la suite d’une sanction ou d’une procédure judiciaire du tribunal militaire. Depuis le début de l’année en cours, nous avons examiné et accepté 1200 demandes, et l’opération est toujours en cours.» Pour conclure, ce dernier met l’accent sur «la voie du dialogue, qui a toujours primé et qui reste toujours ouverte. Des commission­s d’expertise médicale ont été installées au niveau des Régions militaires. Avec l’amendement du code des pensions pour porter le délai de recours à 90 jours, au lieu de 30, les personnes se sentant lésées auront plus de temps pour déposer leurs dossiers et les commission­s médicales pour statuer». Selon le général-major Dahmani, des individus faisant partie de la catégorie des militaires radiés de l’armée pour des motifs disciplina­ires et judiciaire­s font dans l’amalgame et utilisent la contestati­on à des fins personnell­es. «Tout problème lié aux revendicat­ions des retraités doit être pris en charge par l’organisati­on des retraités, qui reste active dans ce domaine.»

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Une des dernières manifestat­ions des invalides de l’ANP à Alger

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