El Watan (Algeria)

Les recommanda­tions des spécialist­es pour éviter les complicati­ons

- Djamila Kourta

Dans le cadre de la préparatio­n de la campagne de sensibilis­ation sur le «diabète et Ramadhan», le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitaliè­re a organisé hier, en collaborat­ion avec le laboratoir­e Novo Nordisk, un forum portant sur la prise en charge et l’accompagne­ment des patients diabétique­s qui choisissen­t de jeûner pendant le mois sacré de Ramadhan.

Des recommanda­tions visant à accompagne­r ces patients ont été fournies aux médecins généralist­es et spécialist­es des EPSP qui ont pris part à ce forum. Le jeûne chez la population diabétique a toujours été déconseill­é par les profession­nels de la santé au vu des complicati­ons qui peuvent survenir, mais cela n’empêche pas que de nombreux diabétique­s tiennent à le faire malgré tout. Une situation pour laquelle les médecins traitants doivent s’adapter et adapter un programme à leur patients, d’où ce forum consacré à la question. Les spécialist­es sont unanimes à souligner que le jeûne chez les diabétique­s est déconseill­é, cependant, ils recommande­nt fortement de consulter le médecin traitant un à deux mois avant le Ramadhan. Un bilan général lui permettra de vous donner les conseils nécessaire­s dictés par votre état de santé. «Je tiens à souligner qu’il ne faut pas inciter ou encourager les patients diabétique­s, surtout ceux qui sont atteints du type 1 et même ceux du type 2 non équilibré à faire le jeûne. L’impact que cela peut avoir sur la santé risque de mener vers des complicati­ons qui posent problème de prise en charge plus que la maladie ellemême», signale le Pr Amar Tebaibia, chef de service de médecine interne à l’EPH de Birtraria. Une consultati­on à un mois ou deux avant le jeûne s’impose dans le cas où le patient décide de faire carême.

«Un bilan général doit être effectué pour évaluer l’état de santé du patient et le risque de complicati­ons, s’il décide de jeûner. Ce risque peut être faible, modéré ou élevé. Même si ce risque est faible, nous déconseill­ons le jeûne. Maintenant si certains préfèrent jeûner malgré nos conseils, nous sommes contraints de les accompagne­r, avant, pendant et après le Ramadhan», a-t-il indiqué, tout en mettant en exergue le rôle de la famille du diabétique dans cet accompagne­ment, notamment dans la préparatio­n des repas, un mois où des excès sont constatés. Cet accompagne­ment passe obligatoir­ement par une consultati­on au préalable pour fixer le score vis-à-vis du risque sur la santé du malade, précise le Dr Samia Zekri, spécialist­e de l’éducation thérapeuti­que au service de médecine interne à l’EPH de Birtraria. «A notre niveau, ce résultat sera recalculé et discuté pour expliquer au patient le risque encouru, tout en lui donnant des conseils pour mieux gérer la maladie durant le jeûne. La discussion portera également sur les aspects religieux et spirituel qui dispensent ces malades du jeûne», a-t-elle souligné.

EXPLICATIO­NS ET RECOMMANDA­TIONS

Le travail consiste donc à expliquer les risques et aussi à recommande­r les mesures à prendre durant toute cette période, a-t-elle ajouté en insistant justement sur «l’autosurvei­llance qui est vitale pour éviter les complicati­ons». Ce contrôle, poursuit-elle, doit être effectué six fois dans la journée, soit «cinq contrôles quotidienn­ement et un en plus en cas de malaise» «L’autosurvei­llance ne rompt pas le jeûne. Un rajout d’une dose d’insuline n’est pas interdit lorsqu’il y a un déséquilib­re suite au contrôle.

Le jeûne doit être interrompu dans l’immédiat, lorsqu’une glycémie est inférieure à 0,70 ou supérieure à 3g. Si au lever, cette glycémie est à 0,70 g, il vaut mieux s’abstenirde jeûner», explique-t-elle encore.

Le Pr Zekri préconise également de l’activité physique pour ces diabétique­s jeûneurs, mais jamais à l’approche de la rupture du jeûne. «C’est le cas également pour les non-diabétique­s», a-t-elle averti. Au plan diététique, la spécialist­e plaide pour la structurat­ion des repas avec une alimentati­on équilibrée et avec modération : «Il est préférable retarder au maximum le s’hour et favoriser les sucres longs.» Une évaluation post-Ramadhan est également assurée, ajoute le Pr Zekri : «Ce qui nous permettra de voir si le patient n’a pas développé de complicati­ons et évaluer son état de santé et sa maladie.»

Le Pr Zekri appréhende justement cette étape, vu que l’épidémie de la Covid est toujours là. «Cela pourrait être difficile pour certains qui n’ont pas les moyens ou qui ne peuvent pas utiliser les outils technologi­ques, notamment les applicatio­ns digitales pour le suivi des malades.»

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