Les déboires du vaccin AstraZeneca compliquent la donne
Les déboires du vaccin AstraZeneca, rejeté par une bonne partie des Européens, compliquent sérieusement la donne au moment où l’accélération de la troisième vague de la pandémie de Covid-19, notamment en Europe, rend plus nécessaire que jamais d’accélérer les vaccinations. «C’est la dernière ligne droite parce que nous savons que pour vaincre cette pandémie, une seule solution: se faire vacciner. Les vaccins arrivent, ils seront là», a martelé dimanche le commissaire européen au Marché intérieur Thierry Breton. Encore faut-il qu’ils soient en nombre suffisant et acceptés par tous. Or, le vaccin AstraZeneca, sur lequel l’Europe compte pour atteindre ses objectifs de vaccination, est perçu comme plus dangereux que sûr en Allemagne, France, Espagne et Italie, selon une étude d’opinion réalisée entre les 12 et 18 mars. Son utilisation avait été suspendue dans plusieurs pays par crainte qu’il ne provoque des caillots sanguins, parfois mortels. Jeudi, l’Agence européenne des médicaments (EMA) l’a jugé «sûr et efficace» et l’utilisation du vaccin a repris dans plusieurs pays, mais l’impact sur l’opinion publique s’est fait sentir, souligne l’institut YouGov. «Non seulement nous avons constaté une augmentation considérable du nombre de personnes qui le jugent dangereux au cours des deux dernières semaines en Europe, mais le vaccin AstraZeneca continue d’être considéré comme nettement moins sûr que ceux de Pfizer et Moderna», a commenté Matt Smith, datajournaliste à YouGov, dans un communiqué. Pourtant, l’Union européenne (UE) continue à en avoir un besoin pressant, si elle entend comme elle le souhaite accélérer les campagnes de vaccination, afin d’atteindre d’ici l’été l’immunité collective, comme l’a indiqué M. Breton. Dimanche, le ton est monté entre l’UE et le Royaume-Uni où le vaccin AstraZeneca d’origine britannique est en partie fabriqué. Le ministre de la Défense britannique Ben Wallace a prévenu dimanche qu’il serait «contre-productif» de bloquer les exportations d’AstraZeneca comme l’a menacé la veille la Commission européenne si l’UE ne recevait pas d’abord ses livraisons.