El Watan (Algeria)

«Un cri du coeur d’un enfant qui veut choisir son avenir»

- Walid Mebarek W. M.

Pourquoi portez-vous un vif intérêt aux thèmes touchant directemen­t les individus, passant du rôle social à l’intimité personnell­e avec réussite et échec en balance ?

Chacun de nous remplit sa valise d’expérience­s uniques avec plus ou moins de bonheur. Tout au long de mon parcours, j’ai souvent rencontré des êtres blessés et meurtris qui m’ont relaté leur histoire. Je m’efforce de leur donner voix à travers le théâtre. Pour beaucoup, ils racontent leur confiance en eux-mêmes et que l’échec se traduira en réussite à la prochaine épreuve. La question du décrochage scolaire des enfants est hélas une question très prégnante, aggravée par le confinemen­t. Comment en fait-on un objet théâtral plaisant ?

«Je suis mauvais et je ne ferai jamais rien de bon

dans ma vie». Cette phrase remonte parfois en moi et chez beaucoup. Personnell­ement, j’ai vécu le décrochage scolaire qui était une période de ma vie assez douloureus­e où, en plus des remarques acides des professeur­s, je recevais aussi le regard moqueur de certains élèves. Je m’enfonçais dans la culpabilit­é et la honte. Si en sus du décrochage scolaire, l’enfant subit le confinemen­t, cela peut devenir très compliqué, car il risque de se retrouver encore plus seul et donc, sans solution. La pièce que nous allons jouer pour le prochain festival d’Avignon traite de cette thématique du décrochage scolaire, mais c’est surtout un cri du coeur d’un enfant qui veut choisir son avenir. La force d’écriture de l’auteure se trouve dans un mélange de détresse, de légèreté et d’humour.

En tant que fils de l’immigratio­n algérienne qui a pas mal travaillé au sein de publics multiples, dont des publics défavorisé­s, soit par la condition sociale ou parce qu’elles sont d’origine étrangère, quelle part de vous mettez-vous dans votre ressenti du texte et votre mise en scène ?

Etre fils des deux rives me permet de naviguer à mon aise et de me nourrir de cultures différente­s et proches en même temps. Mais c’est avant tout les rencontres humaines qui provoquent en moi des réactions et des désirs de création artistique­s. En parallèle à la création, j’anime des ateliers de théâtre. Que ce soit un enfant de parents étrangers, ou issu d’un milieu défavorisé qui pourrait avoir des lacunes d’expression orale, ma tâche est avant tout de l’empêcher de s’exclure du groupe en valorisant des capacités en lui qu’il ne soupçonnai­t pas. Etre au plus près des mots de l’auteur, découvrir son univers et le porter sur scène avec les différents héritages que j’ai pu recevoir de par mes origines, mais aussi à partir de rencontres, de lectures animent mon processus de création.

Dans cette société en crise, avec en plus la pandémie qui a compliqué les choses, votre spectacle a-t-il évolué durant ces derniers mois de préparatio­n ?

Oui, toute l’équipe a pu prendre le temps de réfléchir au projet et affiner son apport lors du montage de la pièce. Lors d’une résidence en juillet 2020, nous avons pu mettre le spectacle à l’épreuve du jeune public. Cela a été aussi l’occasion de faire évoluer la pièce à partir de retours des enfants, mais aussi ceux des adultes. Leur parole nous a été utile. La crise sanitaire est une nouvelle épreuve pour garder encore plus les yeux ouverts.

*La pièce sera jouée à Avignon du 5 juillet au 28 juillet 2021, dans l’espace Pasteur.

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Abdel Bouchama

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