LA SOCIÉTÉ CIVILE PALLIE L’ABSENCE DES ÉTUDIANTS À BÉJAÏA
La communauté universitaire a pu marcher hier après avoir été empêchée par la police de le faire mardi dernier. L’absence quasi totale des forces de l’ordre sur le parcours de la marche a tranché avec leur intervention prompte la semaine dernière, où ellesontétouffélamanif’dansl’oeufenaccueillant les étudiants, enseignants et ATS de l’université avec la matraque à la sortie même du campus. Les animateurs du mouvement ne comprennent pas cette attitude changeante des forces de l’ordre, spéculant sur le rapport avec le changement à la tête de la DGSN ou avec la faible mobilisation de mardi dernier. «Le peu de monde qu’il y avait a favorisé la répression», analyse un prof universitaire.
Les manifestants sont revenus hier en nombre un peu plus important, même si celui-ci s’est limité à quelque 300 personnes. La manifestation est marquée par la présence majoritaire de la «société civile», dont les habitués des marches du vendredi, qui a éclipsé les étudiants toujours très peu nombreux à ce rendez-vous hebdomadaire. Sur le parcours, entre le campus de Targa Ouzemmour et le palais de la justice, les slogans scandés ont rappelé l’atmosphère des jours et semaines d’avant la dernière élection présidentielle du 12 décembre 2019. Les «Oulach l’vot oulach !» (Pas de vote) sont reconvoqués pour exprimer le rejet des prochaines élections législatives annoncées pour juin. «Votre pilule électorale ne passera pas», a-t-on écrit sur une pancarte. La veille de la dernière présidentielle, on se souvient que le mot d’ordre d’une grève générale a circulé et a engagé essentiellement la région de la Kabylie, qui y a adhéré massivement. Hier, des manifestants ont relancé le même mot d’ordre en criant : «Une grève générale jusqu’à la chute du régime.» Après une halte devant le palais de justice, où se tenait un rassemblement des travailleurs licenciés de Numilog, une partie des manifestants est retournée vers la placette Saïd Mekbel pour initier un débat sur le mouvement populaire, que des voix se tuent à dire qu’il lui faut une organisation.