Les militaires résolus à laminer le mouvement de protestation
Au pouvoir depuis son coup d’Etat du 1er février, la junte birmane s’est dite hier résolue à «réprimer l’anarchie», rapporte l’AFP. «Nous devons réprimer l’anarchie. Quels pays dans le monde acceptent l’anarchie ?», a déclaré Naypyidaw Zaw Min Tun, porte-parole de la junte, lors d’une conférence de presse. Aussi, il a indiqué que l’accès à internet restera restreint «pendant une certaine période».
Plus de 260 civils ont été tués par les forces de sécurité depuis le putsch qui a renversé le gouvernement civil d’Aung San Suu Kyi, selon l’Association d’assistance aux prisonniers politiques (AAPP). Le bilan pourrait être beaucoup plus lourd : des centaines de personnes arrêtées ces dernières semaines sont portées disparues. Malgré la répression, la mobilisation ne faiblit pas. Médecins, cheminots, enseignants : de nombreux fonctionnaires et salariés du privé restent en grève. A Rangoun, la capitale économique en partie soumise à la loi martiale, des manifestants ont défilé hier avant l’aube pour tenter de déjouer la riposte des forces de sécurité. La veille, les Etats-Unis et l’Union européenne (UE) ont approuvé de nouvelles sanctions contre la junte. Bruxelles a gelé les avoirs et interdit les voyages sur son territoire de onze responsables, dont le chef de la junte, le général Min Aung Hlaing. Il s’agit des premières mesures coercitives décidées par l’UE depuis le 1er février. Plusieurs militaires ont déjà été sanctionnés ces dernières années pour les persécutions contre la minorité musulmane des Rohingyas. De son côté, Washington a élargi sa liste de hauts gradés ciblés, sanctionnant aussi deux divisions de l’armée accusées d’avoir participé «à l’assassinat de manifestants». Entre-temps, les connexions internet mobiles demeurent coupées ainsi que des réseaux wifi, les journaux privés ont tous fermé et seuls les médias d’Etat couvrent la crise. Une quarantaine de journalistes ont été arrêtés, dont un correspondant birman de la BBC, finalement libéré lundi. Une enquête pour violation des lois sur le secret d’Etat et l’immigration a été ouverte envers l’économiste australien et ex-conseiller de la cheffe du gouvernement, Mme Aung San Suu Kyi, Sean Turnell, en détention. Aujourd’hui, Aung San Suu Kyi doit comparaître devant la justice. Arrêtée le 1er février, elle est accusée de corruption et inculpée de plusieurs autres infractions. Si elle est reconnue coupable, elle pourrait être condamnée à de longues années de prison et bannie de la politique.