Un véritable test pour le processus cognitif
Le recours au mode d’enseignement hybride, présentiel et distanciel, depuis une année en raison de la conjoncture sanitaire sera reconduit de manière permanente, selon le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique (MESRS). Pr Abdelbaki Benziane a annoncé, à l’issue de la conférence des universités tenue, le 15 mars dernier, que le secteur se dotera bientôt d’une nouvelle plateforme numérique dédiée à l’enseignement à distance, un mode qui sera «définitivement adopté par les universités algériennes au vu de son efficacité durant la crise sanitaire». L’argumentaire qui a motivé une telle décision a laissé dubitatif plus d’un sur les campus. L’efficacité de ce procédé est sujette à contestation au sein du corps enseignant, notamment en ce qui concerne son «inadaptation technique, matérielle et infrastructurelle». Pour sa part, la communauté des étudiants n’est pas en reste. Elle est mise à mal dans son cursus en raison de moult dysfonctionnements engendrés par le mode virtuel d’apprentissage. Ils se disent «dépassés», entre autres, par le volume des cours, reçus sur la plateforme ou en format PDF, sans d’autres explications. En effet, la reprise, samedi dernier, des activités pédagogiques à l’université, après une semaine de vacances, ne s’est pas faite sans couacs. La veille, plusieurs groupes et pages d’étudiants sur le Web ont annoncé le boycott de cette reprise et la session des contrôles censée débuter le 21 mars. Sur les campus à Constantine, plusieurs facultés ont affiché la couleur. Les étudiants en L1 et L2 et d’autres en master affiliés à plusieurs départements ont demandé un report des dates d’examens. Les contestataires brandissent une liste assez longue de revendications dont celles liées «au volume conséquent des cours, à la difficulté d’assimilation et de compréhension, l’adoption par bon nombre d’enseignants du PDF et des polycopies sans explication pendant les séances du présentiel… ou encore l’impossibilité pour certains étudiants de télécharger les contenus, faute d’équipements». La décision du MESRS n’est donc pas perçue d’un oeil approbateur. «Ils sont nombreux ces étudiants ne disposant pas d’un ordinateur ; ils utilisent leurs Smartphones pour accéder à la plateforme, et on ne peut pas réviser avec l’écran d’un téléphone», s’insurge Fayçal, étudiant en tronc commun ST. Si certains trouvent un avantage à l’enseignement à distance, celui de les dispenser des déplacements au quotidien, ils ne comprennent toutefois pas la précipitation de la tutelle à cet égard. «Cela m’évite fréquemment un long trajet, moi qui viens de Biskra. Mais mes lacunes concernant les cours, je n’arrive pas à les combler ni en présentiel ni en TP, cette décision est prématurée», nous dit une résidente à la cité U du pôle universitaire. Le Pr Jamal Mimouni du département Physique de l’université Frères Mentouri de Constantine (UFMC), s’interroge, quant à lui, sur l’impact de ce procédé sur le plan cognitif : «Certes, si sur le papier les choses fonctionnent ce semestre, et ceci est déjà un succès logistique et de gestion louable, car n’étant pas acquis d’emblée, qu’en estil du processus d’acquisition du savoir et de compétences par les étudiants, et qui constitue la raison d’être de leur présence à l’université ? »